Lorsque les truands vont trop loin et ne respectent plus rien ni personne, la mystérieuse « guilde » envoie les « reapers », des tueurs à gage particulièrement violents, pour leur faire la peau. Deathko, pré-ado misanthrope et dépressive, s’avère être une tueuse particulièrement efficace, et va être envoyé pour s’occuper d’un mafieux sans foi ni lois. Mais elle découvrira qu’elle n’est pas la seule reaper sur ce coup …à son plus grand agacement… elle qui « hait le monde entier ».
Commençons par ce qui frappe tout de suite en ouvrant ce premier volume, à savoir le dessin, Avec un style graphique très particulier, croisement du manga et du comics, l’inspiration pour la BD américaine est frappante. Le dessin est donc original et inventif, pour notre plus grand plaisir. Personnellement, j’adore ! Si les proportions sont parfois approximatives et que les personnages et les décors ne marquent pas par leur beauté, cette personnalité unique donne une certaine fraicheur à l’œuvre. Là ou d’autres mangas peuvent être plus « pro » sur le plan purement graphique, Atsushi KANEKO mise plutôt sur sa « patte » artistique. Un vrai jeu concernant le clair-obscur est effectué, avec plusieurs scènes assez belles qui mettent en valeur les jeux de lumières dans une pénombre marquée. Le manga étant très peu tramé, le dessin est donc centré sur le noir est blanc, souligné par une effusion de traits. Concernant le découpage, certaines idées sont vraiment bien trouvées et on sent le travail effectué par l’auteur. Par exemple, on peut citer la scène qui présente la « guilde », racontée par un trafiquant, cigarette à la bouche, et dont la fumée devient des cases soulignant l’aspect insaisissable et mystérieux de celle-ci.
Un autre point fort du manga est son univers et son ambiance sombre mais loufoque. Lorsqu’on commence le manga, une ambiance lourde et pesante est mise en place. Puis lorsque l’on découvre pour la première fois les « reapers », les tueurs envoyés par la guilde, ce côté est complètement désamorcé par l’absurdité de la situation. On assiste à une espèce de bal d’halloween morbide et grotesque, à mi-chemin entre horreur et gag. Une vraie tension est mise en place tout au long du manga, allégée par le surréalisme des situations dans un univers où les tueurs sont gothiques au possible, voir en costume de films d’horreurs nanardesques. On est donc partagé dans nos sensations, où l’on est effrayé de façon amusée, et où nos rire sont ponctués par un certain malaise.
Avec une héroïne dépressive et misanthrope, l’auteur nous présente une pré-ado qui « hait le monde entier », et dont le meurtre est la seule échappatoire. Ce personnage est terriblement intéressant, bien que difficilement compréhensible et le pari d’en faire le personnage principal est osé. On apprécie donc le parti pris de suivre un personnage qui va nous fasciner mais aussi nous déranger et nous horrifier. Avec un design très particulier, cette tueuse gothique en met plein les mirettes avec des gimmicks et des armes… spéciales (et qui font froid dans le dos). Pour ce qui est des autres personnages, on n’en sait pas trop sur eux, le premier tome se concentrant plus sur les situations que sur le développement de ceux-ci. Malgré tout, on peut deviner quels sont ceux qui réapparaitront, et ils sont tous plus absurdes les uns que les autres.
Une guilde mystérieuse, des meurtres ultra-violents, une ambiance gothique et malsaine mais terriblement drôle et décalée, un dessin original et cool, quel pourrait être donc le problème ? Ben en fait… le manga a pour défauts les points qui font finalement ses qualités. On passe un bon moment, mais le manque de sérieux a tendance à nous sortir un peu de l’implication qu’on peut avoir aux premiers abords. Si le personnage principal est intéressant il est très loin d’être attachant (voir même détestable). Il y a peu de développement et on est finalement un peu perdu dans cet univers mystérieux, sans avoir plus d’explication que ça. Le premier tome du manga ne brille pas non plus par une quelconque réflexion et est plus un délire jouissif et psychotique. L’ambiance malsaine et violente mais cocasse donne cette saveur toute particulière au manga mais n’en fait pas non plus une œuvre époustouflante ou particulièrement immersive.
Conclusion : Finalement le premier tome de Deathco est une goutte d’originalité dans un océan de manga, il est plaisant à lire et nous plonge dans une sorte de trip qui retourne la tête à coup de rouge à lèvres noir et de tète de poupée explosives. Malgré tout, ce n’est pas non plus une expérience transcendante et ce tome 1 n’aura pas grand intérêt pour ceux qui recherchent un peu plus qu’un délire morbide, aussi jouissif soit-il.
Critique originale