Une BD intéressante ! Il s'agit de l'adaptation du roman éponyme de Bernard Werber, dont je n'ai jamais lu les oeuvres (je ne sais pas lire). On ressent ce côté "adaptation" très vite : le rythme est rapide, très rapide. Après une introduction à notre personnage principale, Bastet, on est vite lancé dans le vif du sujet : Une guerre inconnue éclate, les chats vont se battre avec les humains contre les rats, tout cela est jonché de passages historiques ou philosophiques sur la cohabitation inter-espèces. J'ai lu quelques critiques du roman Demain les Chats, et elles s'appliquent également à cet ouvrage : certains passages historiques sont erronés, les évènements tournent presque toujours trop bien, les passages philosophiques ne vont pas très loin, les évènements dépassent l'envisageable pour déborder dans l'incohérence... Certes, mais ce sont des défauts que j'excuse pour deux raisons : Premièrement, c'est une adaptation et deuxièmement, je ne vois pas là une fable d'anticipation mais une fiction basée sur un concept "what if" qui va déjà très loin : Les chats ont une intelligence qui côtoie celle des humains, peuvent communiquer entre eux, l'un d'entre eux peut même utiliser Internet. Le rythme de la Bande dessinée va bien avec cette touche d'absurdité : elle résume une histoire qui mettrait 40 heures à être lue. Mais une BD de cette taille, ça prend seulement 1 ou 2 heures ! Tout va donc HYPER VITE, ce qui la rend plutôt fun à lire ! Per exemple : le chat arrive à communiquer en rêve avec une humaine. Mais voilà le problème : la personne est muette ! 2 cases plus loin, elle trouve une traductrice de langage des signes. C'est l'heure de la bataille finale : Bastet tente de convaincre le lion de se battre avec eux, mais il refuse. 2 pages plus loin, il saute héroïquement dans la bataille !
Ça a l'air nul comme ça, mais ça a un certain charme désinvolte, peut-être involontairement. Dans tous les cas, je trouve que ça marche ! A propos de l'apport du dessin à l'histoire : je le trouve très pertinent. Les dialogues vont à l'essentiel et laissent beaucoup de place aux dessins, qui est tremblant et très expressifs. Je trouve intéressant que les chats de Demain les Chats ne soient pas mignons : ils sont souvent sales, ont des têtes déformées, ont des teintes brunes ou orangées. Pythagore est pâle et squelettique, on dirait Mewtwo. Cependant, les dessins ne vont pas trop loin dans l'horrifique : le trait reste net et les couleurs se contentent de le suivre. Cela reste une adaptation : l'heure n'est pas à l'expérimentation graphique. Franchement, ça me dérangerait que les visuels soient trop ambitieux : je serais obligé de reconnaître les défauts dune écriture qui ne serait pas à la hauteur ! Mention spéciale à l'écriture entièrement manuscrite qui donne un charme aux dialogues : ils semblent plus approximatifs et contrastent avec un vocabulaire plutôt soutenu. Lorsque les humains parlent, des gribouillis prennent leur place, mais on arrive à distinguer le noms des chats, tout comme eux. C'est bien amené !
Telle qu'elle est, la bande dessinée Demain les Chats est cohérente. Un récit simple et un rythme efficace, c'est tout ce que je lui demandais.