Le symptôme
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le 27 août 2022
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Ayant découvert l'existence des Rôdeurs de la nuit (Kimetsu no Yaiba en japonais) via une recommandation de l'Ermite moderne (gloire à lui), il m'a fallu quelques temps avant de me lancer, puis d'aller au bout de ce qui était jusqu'alors sorti au Japon. Et, pour faire court, ce manga est un sacré coup de cœur pour moi.
Tout d'abord, un petit synopsis, que je met en spoiler si vous souhaitez aborder les premiers chapitres sans rien en savoir :
Au début du XXe siècle, dans un Japon si traditionnel que je lui aurait donné un siècle de moins, Tanjiro, sa mère et sa fratrie vivent pauvres mais heureux dans leur petite maison relativement isolée du reste du monde. Seulement, un "oni" (sorte de démon "ogre"/"troll" du folklore japonais) attaque sa famille en son absence, et tous décèdent à l'exception de sa sœur Nezuko qui (pire encore ?) devient elle-même un "oni".
En premier lieu, on peut remarquer le coup de crayon de la mangaka Koyoharu Gotouge, assez remarquable. Sans être exceptionnellement beau, il tranche suffisamment avec ce qu'on a l'habitude de voir pour donner une originalité qui manque parfois à d'autres productions (c'est toi que je regarde Fairy Tail, j't'ai vu copiter ton grand frère Oda !).
De plus, Gotouge est aussi très bonne dans le "chibi" qu'elle utilise régulièrement pour des scènes comiques bien rythmées, malgré l'ambiance assez sombre de l'ensemble de la série. Et ça fonctionne : l'humour de certaines scènes, visuel et lié au jeu des personnalités des personnages, m'a très régulièrement fait glousser comme un demeuré !
Et justement, ces personnages : si leur introduction n'est pas systématiquement réussie (celle des "Pilliers" m'a notamment paru chercher à les catégoriser excessivement rapidement, comme si l'auteur avait choisi de les caricaturer pour qu'on puisse les identifier immédiatement, rendant le tout peu naturel), leur développement est souvent touchant.
Mais ne vous attendez pas à ressentir de l'empathie uniquement pour les "good guys" qui vont se retrouver autour de Tanjiro, les Rôdeurs de la nuit fait le tour de force de nous mettre en PLS pour les "bad guys" aussi, qu'on avait pourtant haï plusieurs chapitres durant. Personnellement, lors de chaque affrontement, j'attends systématiquement le moment où la caméra se placera du côté de ceux-ci, car c'est là que le cœur (dans les deux sens du terme) de Kimetsu no Yaiba se trouve :
La compassion de Tanjiro.
Tanjiro me fait beaucoup penser au personnage d'Emma de The Promised Neverland (v'la ma critique dessus #autopromo), dans sa compassion et son attitude fraternelle avec tous, amis comme ennemis.
Comme pour TPN, c'est souvent cette compassion qui fait changer le cours des choses. Là où la plupart des "gentils" ont perdu toute empathie pour leurs adversaires, voire même parfois pour leurs alliés, Tanjiro refuse cet état de fait, pleure pour ses ennemis, s'inquiète du sort des antipathiques, désamorce les situations de conflits autant qu'il en est humainement possible et d'une manière en réalité assez inspirante, donnant envie de l'imiter.
Sans relativisme qui atténuerait le mal qu'ils ont commis.
Sans angélisme qui décrédibiliserait le propos.
Sans sur-efficacité qui infantiliserait l'histoire et le lecteur.
Mais au contraire avec une compréhension de la psychologie humaine et une écriture de qualité qui me fait penser que la mangaka n'a pas donné cette personnalité à son héros pour remplir le quota obligatoire de bons sentiments de tout shōnen à succès, mais vraiment et honnêtement parce qu'elle veut porter ce propos. Une "belle personne" en somme, dirait Marion Cotillard ! :p
Enfin voilà, le relatif anonymat dans lequel se balade ce manga en France malgré son très grand succès au Japon dans le Weekly Shonen Jump ne peut être dû qu'à une mauvaise communication de son éditeur français Panini et à son absence totale dans les rayons de manga (c'est bien simple, je n'en ai entendu parler que sur la chaîne de l'Ermite moderne, et ne l'ai jamais vu en librairie).
J'attends avec impatience que l'anime, qui sortira l'année prochaine en 2019, fasse un peu rayonner ce petit bout de chef d’œuvre humaniste, mais je n'ai pas de doute au vu de l'équipe technique derrière :
- Ufotable à la réalisation. Oui, les gars de Fate/Zero et Fate/Stay Night Unlimited Blade Works, tous deux des cartons pleins sur l'aspect visuel.
- Yuki Kajiura à la composition. Oui, celle des BO de folie furieuse que je persiste à écouter en boucle comme celles de Puella Magi Madoka Magica, Fate/Zero (là encore) ou Erased.
Assurément un bon arrivage avec l'anime de The Promised Neverland cette même année, ainsi que Vinland Saga, les saisons 2 de Mob Psycho 100, One Punch Man et Made in Abyss, et 3 films Psycho-Pass, rien que ça !!
En attendant, ne vous privez pas et testez les premiers chapitres, histoire de voir s'il vous intéresse ! :D
[EDIT 1 (2019)] : L'anime est en effet excellent, et je suis heureux qu'il ait apporté autant de reconnaissance à l’œuvre ! Et il semble que j'avais vu juste, puisque c'est sa super animation par Ufotable et sa BO absolument dingue qui l'ont rendu aussi populaire, en plus de son scénario, évidemment. On parle quand même d'un manga qui a dépassé les ventes de One Piece !
[EDIT 2 (23/05/2020)] : Je viens de finir le manga. Putain. Qu'est-ce que c'était bien. Merci à Gotouge, vraiment, c'était exceptionnel. Je suis dans le mal, maintenant, mais c'était exceptionnel. Vraiment les gens, lisez ce chef d’œuvre, matez l'anime, je sais pas, mais laissez-le pas de côté, il est juste tellement beau, tellement bien mené du début à la fin... J'espère que l'autrice pourra prendre de bonnes vacances, et nous revenir avec quelque chose d'aussi tendre, émouvant et épique à la fois.
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Créée
le 26 nov. 2018
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