Un album qui pour moi est un des meilleurs, non pas qu'il soit le plus hilarant ni le plus émouvant mais parce qu'il témoigne de la maitrise d'un scénariste et d'un dessinateur au sommet de leur art oeuvrant en parfaite harmonie.
Un héros en position basse :
Goscinny ne force pas son talent pour un temps il choisit de mettre de coté les daltons et rantanplan, Lucky Luke y gagne un certaine sobriété il apparait tardivement (à la fin de la page 7) quand l'intrigue est solidement noué et n'est pas pourvu habituel réputation de tireur prodige. A Cow Gulch personne ne le connait et il faut plusieurs pages pour que ses adversaires se méfie de lui.
P.12
"Lucky Luke cet hombre est un vrai diable pour ce qui est de dégainer , à coté de lui Jesse James est un paralytique !"
Notons ensuite qu'il faut plus figure de suiveur que de leader. Le fermier Vernon Felps choisit de resté et de clore sa ferme avec du fil de fer barbelé, ce qui affole l'affole. Quand les fermiers décident de constituer une milice face aux éleveurs il refuse d'abord de prendre partie et se retire de l'histoire et s'il choisit d'aider les fermiers, (page 28) c'est d'abord pour rétablir un certain équilibre des forces en présences.
Cette effacement du héros permet à toute une galerie de personnages de prendre forme, on sent exister autant les cow-boys que les fermiers surtout que par leurs silhouettes et l'attribution de répliques ils dépassent le rang de simple figurants. Outre le fermier Vernon Felps et sa femme Annabelle, véritable co-protagonistes aux cotés de LL. Plusieurs seconds rôles truculents comme le cow boy Texas toujours sur les bons coups et le grand père en fauteuil roulant.
Autant d'éléments qui permette à une histoire assez basique de se transformer en comédie passionnante, où chacun rivalise de bons mots.
P. 42
Chops Murphy : "Calme toi Cass ! Tu es nerveux comme une viande de troisième qualité!"
Des images qui parlent.
Autre élément capitale de la réussite de l'album, la scénographie de Morris qui joue sur les angles et les zooms. A l'image de l'apparition du fermier Vernon Felps page 4 on le voit passer d'un plan américain dans une petite case qu'il partage avec sa femme, à une minuscule silhouette au centre d'une immense case verte avec une ligne d'horizon très haute. Effet de dézoomage qui pose la nature du récit, la praire sera l'enjeu de l'histoire c'est pour elle pour pouvoir marcher dessus que les hommes se battront. Le dessin cesse d'être illustratif pour devenir un élément majeur de la narration.
Image du fermier perdu dans l'immensité verte à laquelle répond celle de la page 41 montrant en vue aérienne la ville des éleveurs entouré de barbelé. Les fermiers ont gagné. En deux image le récit est fait.
Deux images aérienne de la ferme de Vernon entouré d'une clôture de barbelé (P.20 et P. 34) souligne l'enjeu du récit. Les fermiers sont assiégé dans leur fermes.
Le rire plutôt que les larmes.
Sur la base d'un récit potentiellement dramatique, le western américain ne manquant pas de récits tragique autours du barbelé. Les auteurs s'appliquent à soigneusement dédramatiser la situation.
L'entrainement au tir tourne à la scène de ménage entre Vernon et sa femme.
La Papy va t en guerre est régulièrement ridiculisé.
Au rassemblement des éleveurs, le gag de la petite fille donnant des fleurs est renouvelé.
Lucky Luke parti en espion se trompe de fenêtre et tombe par terre se qui provoque l'hilarité de Jolly Jumper.
Séquences (avec le duel final) incontournable du western classique et de la série mais que Goscinny s'attache à détourné dans le but (réussi !) de provoqué le rire plutôt que la frayeur ou les larmes.
Goscinny s'adonne à l'ironie en érigant le fil de fer barbelé en symbole de liberté.
P. 26 :
Vernon Felps : "Grand Pa a raison ! Aux armes ! Mort aux éleveurs ! Vivent les fermiers et vive le fil de fer barbelé ! Le barbelé c'est le symbole de notre liberté !"
Ironie redoublé page 34 quand Vernon s'exclame "enfin libre" au milieu de sa ferme entouré d'une triple rangée de barbelé.