Faustine est la fille de Jean-Pierre. Jean-Pierre est un homme oiseau, un père absent qui s'envole par la fenêtre, sans ailes. Jean-Pierre est une île. Et il y a Hell. Mais qui est-elle ?
Des fragments de l'oubli est une bande-dessinée imbriquée et introspective. Découpée en trois tomes respectivement appelés Faustine, Jean-Pierre et L'homme oiseau, l'histoire se déroule sur le même intervalle de temps, d'une personne à l'autre, d'un tome à l'autre.
Le scénario manie d'ailleurs assez adroitement cette technique visant à modifier la compréhension qu'on a d'un même instant en superposant les points de vues.
Derrière ce procédé, un fil conducteur introspectif qui nous amène à gratter l'écorce pour découvrir petit à petit ce qui constitue ces fragments de l'oubli.
Une agréable surprise à laquelle s'ajoute un graphisme torturé, presque irréel, ou la grisaille est prédominante pour plonger dans les travers du mal-être de ces personnages mutiques (très peu de textes), presque fantomatiques aux yeux verticaux et ondulés. Un coup de crayon qui pourrait ne pas plaire à tous mais qui s'adapte pleinement au fond.
Une belle découverte que j'aurais aimé presque plus profonde et complexe pour nous dépeindre la détresse d'un personnage bousculé par la vie. Car au final, malgré ce côté très psychologique appréciable, il manque quelque chose pour faire de cette aventure thérapeutique une véritable histoire marquante. La forme m'a plu pour mettre en image cette "histoire" finalement assez classique.