Morue est moche et elle pue.
C’est un peu comme ça que débute la vie de “Beauté”: la pauvre fille est laide, on la moque pour ça, elle est cantonnée aux cuisines où elle écaille tant de poissons qu’elle est imprégnée de l’odeur.
Alors forcément quand elle a la possibilité de changer les choses, elle choisit d’obtenir la beauté.
C’est là que la bonne fée sur laquelle elle tombe est assez vicieuse: à défaut de pouvoir lui offrir la beauté, elle lui offre de rester toujours belle aux yeux de tous. Sentez-bien la nuance!
En gros elle reste moche mais personne n’en sait rien, et même quand elle vieillira on continuera de la voir belle.
Jusque là rien de plus qu’une histoire gentillette, et pas un conte de fées à l’ancienne.
Sauf que justement les auteurs connaissent leurs classiques et ils savent bien qu’il y a toujours un revers à la médaille, encore plus dans les contes de fées.
Beauté va vite comprendre que l’habit ne fait peut être pas le moine mais que les apparences peuvent mener loin: sa beauté va lui causer autant de désagrément que de faveurs, et on aime voir les auteurs jouer avec nos attentes: rien de ce que vit beauté n’est finalement très enviable.
Certes on se dit qu’on aimerait rencontrer une bonne fée, mais maintenant qu’on a lu ça, on se demande ce qu’on pourrait bien lui demander tant le sort de beauté ne nous attire plus du tout.
Le tout est mis en image dans un quasi noir et blanc et de beaux dessins qui jouent eux aussi les caméléons: le style s’adapte à l’état d’esprit de l’héroïne, passant du flou des pleurs aux traits fins et soignés de la fin.
Un joli petit objet pas si simple qu’on pourrait le croire, et un conte qui respecte l’esprit conte de fées à l’ancienne.