Ceci n’est pas la critique d’un seul tome, mais de toute la série, à savoir Désirs exaucés (tome 1), La Reine indécise (tome 2), Simples mortels (tome 3). Attention, cette critique peut contenir des spoils. Vous êtes prévenu !
Il était une fois …
Dans un petit village, une jeune fille répondant au doux nom de Morue, avec une délicate odeur de poisson, était raillée de tous à cause de son apparence peu gracieuse selon les villageois. Morue fini par leur donner raison en pensant et en affirmant elle-même qu’elle était laide et que tout ses problèmes venaient de cela. L’acceptation sociale est anéantie malgré les deux ou trois personnes qui tentent de la soutenir.
Un soir, près d’une mare, Morue lâche une larme de compassion pour un crapaud, qui s’avère par la suite être une fée. Mab (c’est le nom de la fée) accorde alors un vœu à Morue. Celle-ci lui demande la beauté. C’est alors que commence les véritables ennuis du personnage, et qu’elle devient un véritable objet de désir. Chaque homme qui la voit se transforme en animal. Elle fait ressortir tout leur instinct primitif. C’est ce qui constitue une grande partie de cette BD.
Nous suivons les péripéties de Beauté (Morue) au cours de trois tomes, scénarisé par Hubert, cet artiste dont j’adore les œuvres, et dessiné par Kerascoët. Ces deux artistes avaient déjà collaboré ensemble pour Miss pas touche, une BD de cinq tomes qui raconte les aventures d’une prostituée vierge. Un sujet assez peu commun me direz-vous.
Tome 1 – Désirs exaucés
J’avais déjà lu cette série lors de mes années au lycée et quelque chose me gênait déjà beaucoup, c’est la stupidité et l’aveuglement de Beauté. Elle se fait mener par le bout du nez par Mab la fée et fait presque tout ce qu’elle dit, comme si elle n’avait pas de libre-arbitre. Dans le deuxième tome, sa naïveté est désolante. Il suffit de quelques draps blanc, de pétales de roses et d’enfants dansants pour détourner son attention et pour qu’elle pense que la pauvreté n’existe plus dans le royaume. Mais tous n’est pas de sa faute. Quoi qu’elle dise, tous ses désirs sont exaucés. Tous les hommes, dès qu’ils l’aperçoivent, sont à ses pieds, mais cela n’a pas que de bons côtés, au contraire. Le chaos la suit où qu’elle aille. Sa beauté devient une malédiction. Elle rend fou les hommes, qui s’entre-tue entre eux et créer des guerres. Énormément de têtes tombent pour elle. Comme le dit si bien la princesse du royaume du Sud dans le tome 2 :
Ce n’est pas qu’elle cherche à prendre le pouvoir, comme l’ancienne reine. Non ! Elle se contente d’être là et tout sombre dans le chaos.
Tome 2 – La Reine indécise
Le tome 2 marque l’ascension de Beauté au rang de reine du royaume du Sud. Elle tente d’embellir le royaume en pensant surtout à son propre confort.
Nous la voyons de manière alternée sous son apparence habituelle et sous son apparence embellie par l’enchantement.
La folie des hommes s’accentue de plus en plus. Le royaume entier passe sous l’épée du roi devenu fou. L’obsession que cette beauté pourrait lui échapper lui fait décimer son royaume entier, offrant ainsi son palais à l’ennemi qui lui même décimera son armée à moins de retrouver Beauté. C’est un cercle sans fin, une boucle infinie, un cercle vicieux dont on ne sort jamais. C’est une beauté macabre déversant sang et feu, telle une traînée de poudre.
Tome 3 – Simples mortels
Et finalement, dans le tome 3, tout bascule. Beauté devient servante de la reine du Nord, qui devient un soutien (du moins au début) et qui l’aide tant bien que mal à échapper au roi. Beauté se rend compte que son seul avantage pour échapper à tout cela est sa laideur.
Ce que j’apprécie dans ce tome est que la mentalité de Beauté évolue. Elle tente de se débarrasser de ce charme pour pouvoir protéger sa fille du chaos qui la suit. Elle commence également à s’instruire et découvre ainsi l’histoire des fées et qui elles sont, ce qui va lui permettre par la suite de se venger de Mab. Beauté prend également conscience de ses pouvoirs de beauté et impose son respect. C’est ainsi qu’elle réussit à unir les royaumes et à apporter la paix entre les Hommes.
Dans ce tome-ci, rares sont les moments où nous voyons le vrai visage de Morue. C’est surtout Beauté qui parcourt ce troisième tome, ce qui permet de surprendre le lecteur sur la dernière planche de la série, lorsqu’on revoit une dernière fois le visage de Morue.
… et ils vécurent heureux (ou presque)
Ce que j’apprécie beaucoup dans Beauté est que malgré le scénario assez simple, nous arrivons à voir le personnage principal évoluer dans les deux différents royaumes de l’histoire, avec des dessins toujours très sympathiques et parfois même voluptueux. J’aime aussi le fait que Morue se métamorphose en Beauté, physiquement et mentalement. Et surtout que dans la conclusion du troisième tome, Beauté n’est plus un objet de désir, une beauté parfaite que les hommes doivent s’arracher et garder pour soi, mais une femme puissante et respectée.