Deux tueurs
6.6
Deux tueurs

BD franco-belge de Michel Pirus et Mezzo (1995)

Dans cet album, on suit l’équipée calamiteuse de deux sicaires mandatés pour régler leurs comptes à des types employés dans un dépôt chimique. A vrai dire, on n’apprendra pas grand-chose sur l’objet de leur mission, et d’ailleurs les deux tueurs s’en moquent, ils sont juste là pour exécuter de basses œuvres. Le récit est axé principalement sur leur relation, extrêmement tendue, et les dialogues consistent principalement en un clash permanent pour savoir qui en a le plus dans le falzar. De vrais gros durs, en somme, et Pirus n’a pas lésiné sur les clichés en référence à un certain cinéma noir à la papa, avec quelques accents « tarantinesques », l’humour en moins. Et puis bien sûr comme on s’en doute, tout cela va se terminer très très mal.


Il faut bien l’avouer, on est admiratif des premières prouesses de Mezzo, qui avait déjà un style très affirmé à l’époque où fut publié « Deux tueurs ». Par son trait réaliste à la fois gras et léché, avec une prédominance des à-plats noirs, il parvient à restituer une ambiance poisseuse où la mort, évidemment violente, semble roder au détour de chaque case, où le sang est d’un noir d’encre, élégance oblige. On devine les influences de la BD alternative U.S., notamment un certain Charles Burns, ce qui préfigurait le futur « Roi des mouches », d’une tournure bien plus surréaliste, plus atmosphérique encore. Le bémol est qu’on a parfois du mal à identifier les personnages, et que les transitions entre chaque case manquent parfois de liant pour un récit d’action et qu’il faut fournir un effort pour interpréter des détails noyés dans l’ombre.


Quant au scénario, Pirus fournit peu de clés sur la mission des tueurs, ce qui amoindrit quelque peu la tension narrative et l’intérêt que l’on pourrait porter à l’histoire, alors que paradoxalement, l’auteur n’est pas vraiment avare de textes. Un objet plus destiné aux fans qu’aux néophytes, et ces derniers ne seront au mieux convaincus que par le dessin de Mezzo.


LaurentProudhon
7
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le 2 déc. 2024

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