La période où été publiée Devilman correspond à une époque contestataire, où la guerre du Vietnam faisait rage, ce qui a conduit Gô Nagai à écrire ce que j'appellerais une œuvre majeure.
Akira Fudo est un jeune homme sans histoires qui, accosté par son ami Ryo lors d'une rixe avec des voyous, va apprendre que les démons vont débarquer sur Terre. Pressé par le temps et par Ryo, Akira n'aura d'autre choix que de fusionner son esprit avec un démon, Amon, pour devenir Devilman et combattre ces monstres afin de sauver l'humanité.
Je connaissais un tout petit peu le dessin animé, et gardais un lointain souvenir de la première sortie française du manga, parue en 1998. Black Box Editions a eu la très bonne idée d'éditer à nouveau ce manga, comprenant des pages couleurs, et j'ai pris une baffe comme rarement.
C'est peut-être la période qui veut ça, mais voilà un manga d'une grande maturité, extrêmement violente de par ses thèmes abordés, aussi bien le sexe que la violence, et le mot qui ressortirait de Devilman serait nihilisme. C'est très sombre, où l'espoir se réduit à peau de chagrin, mais, si je grossis le trait, est une confrontation entre deux personnes : Akira et Ryo. Je vous laisserais découvrir pourquoi, mais on a l'impression qu'à travers la grande bataille que se livrent les humains contre les démons, se battent deux personnes qui ont une conception différente de la justice.
Outre que c'est très très très violent, avec du sang qui coule par litres, on a aussi une violence psychologique, avec des femmes et des enfants qui meurent, la nudité qui est frontalement exhibée (pour les deux sexes), et ce que je retiens du titre, c'est cette noirceur persistante, presque suffocante par moments.
Dans une de mes critiques, je parlais de Goldorak dessiné par Go Nagai, et si je revenais sur la faiblesse du dessin, là, je dirais le contraire en disant que c'est très bien fait. Les personnages sont représentés à taille humaine, ne font pas de grimaces, et le trait parfois épais de l'auteur se fait ressentir dans les traits de Devilman, représenté de manière à ce que son être dégage une grande violence. On sent là l'implication de l'auteur, et dans sa représentation du bestiaire des démons ; c'est une forme de colère, presque viscérale qui en ressort.
C'est un manga qui, bien que ne faisant que cinq volumes, a marqué son genre, qui a donné lieu à une (fausse) suite nommée Violence Jack, et que je recommande très fortement. Mais attention, ça n'est pas à mettre entre toutes les mains ! Mais quel chef d’œuvre...