"Devilman" est un manga crée par Gô Nagai en 1972 qui raconte l'histoire d'Akira Fudo, jeune lycéen timide et trouillard, qui va découvrir, par l'intermédiaire de son meilleur ami, fils d'un archéologue renommé, que les démons existent, qu'ils ont peuplés la Terre avant la grande glaciation, et qu'ils sont en train, fraichement dégelés, de préparer la destruction de l'Humanité toute entière. Pour empêcher cela, Akira va renoncer à son humanité en fusionnant avec un démon très puissant et devenant du même coup un "Devilman", une créature hybride entre un Homme et un démon.
Si "Devilman" nous semble de nos jours assez basique, il est révolutionnaire, et paradoxalement, représentatif par rapport à son époque, pour plusieurs aspects.
Tout d'abord, on observe une très forte liberté des moeurs, avec le personnage féminin principal faisant clairement des avances sexuelles au héros, ce qui peut être relié à la vague de libéralisation des moeurs (extrêmement forte au Japon) en 1968, 4 ans avant la parution du manga.
De plus, on peut assister à une violence omniprésente et très forte, violence qui met à rude épreuve le mental du lecteur. En effet, rien de sera épargné aux protagonistes, toute lueur d'espoir étant peu à peu écrasée par l'horreur des situations, notamment sur la dernière partie, la plus sombre, qui voit l'Humanité, à l'image des scientifiques de "The Thing", sombrer dans la paranoïa absolue. On peut rapprocher sur ce point "Devilman" de "Berserk", le second s'étant apparemment beaucoup inspiré du premier, notamment sur le design des monstres mais aussi sur certaines scènes.
Pour l'auteur, le seul espoir de l'Humanité (celle du monde réel) semble être les jeunes, les Devilmen pouvant bien sûr représenter une nouvelle génération, mais aussi et surtout parce que les seuls Humains à comprendre le combat des Devilmen sont des jeunes, marginaux et donc par extension allant contre le système.
Le dessin, bien qu'assez vieillot, arrive bien à transmettre les émotions des personnages et surtout l'horreur des scènes, un peu à la manière d'un "Gen d'Hiroshima", qui, avec un dessin assez cartoonesque et "gentillet", arrivait à faire voir au lecteur toute l'horreur de la bombe nucléaire et de ses conséquences.
Le seul défaut que je pourrait reconnaître au manga est sa fin, qui, bien que très belle, me semble franchement précipité, comme si l'auteur s'était rendu compte, à la fin, qu'il ne lui restait qu'une vingtaine de pages pour finir son histoire.
Bref un très bon manga, à lire absolument si vous êtes fans de "Berserk", où plus largement, fans d'horreur.