Croisée notamment dans les pages de son comparse Shadowman, le Doctor Mirage avait clairement le potentiel pour avoir sa propre série depuis le relaunch de Valiant Comics en 2012. C’est chose faite avec les deux mini-séries contenues dans cet album (The Death Defying Doctor Mirage et Doctor Mirage: Second Lives), publiées entre 2013 et 2016. La même équipe artistique, Jen Van Meter au scénario et Roberto de la Torre aux dessins, est aux commandes ce qui confère une vraie unité à ces quelques neuf épisodes.
Le pitch est simple et efficace. Selon l’éditeur Bliss Editions, « le Docteur Mirage peut parler aux morts. Mais un esprit reste introuvable malgré les talents de Shan Fong : celui de son défunt mari, Hwen. Lorsqu’un occultiste au passé classé secret défense fait appel à ses services, Shan trouve une piste qui pourrait bien lui permettre de résoudre la plus grande énigme de sa carrière : retrouver Hwen ! » .
Le récit permet donc de retrouver l’un des pans les plus intéressants de l’univers Valiant, Le Monde des Morts. Celui-ci se développe au gré des publications (Shadowman, Ninjak, Rapture, etc.) et présente un gros potentiel auquel chaque auteur peut apporter sa petite touche. Malheureusement, et c’est le principal reproche à faire à la série, l’auteure ne profite pas assez de ce gros bac à sable pour tisser son récit. Le Monde des Mots occupe certes une large part de la première partie mais il est peu exploité, sinon au travers de quelques nouveaux personnages et zones, que l’on ne reverra d’ailleurs peut-être plus dans d’autres publications. Le tout n’est pas assez immersif et Le Monde des Morts apparaît comme assez lambda. C’est vraiment dommage car c’était l’une des promesses de la série.
Ce point négatif mis de côté, la série se laisse agréablement suivre. Mirage est un personnage attachant et l’auteure arrive à lui donner juste ce qu’il faut de nonchalance pour ne pas tomber dans la caricature. Il en va de même pour l’histoire d’amour entre les deux principaux protagonistes, plutôt bien écrite et sans mièvrerie. L’ensemble manque néanmoins de souffle et de moments marquants. Tous les éléments sont présents mais la mayonnaise n’arrive pas vraiment à prendre. Si la première histoire est la plus importante, elle est trop confuse malgré de très bonnes intentions. Elle a néanmoins le mérite de présenter quelques bribes d’origin story pour son couple de héros.
Le second récit est plus anecdotique et aurait juste pu être un petit arc narratif dans un run plus long. Il est néanmoins mieux mené, l’équipe créative donnant la sensation de mieux maîtriser son sujet.
Aux dessins, Roberto de la Torre fait un chouette boulot. Comme de coutume, s’en dégage une vraie personnalité qui colle bien avec l’univers mystique de la série (il n’est néanmoins pas en charge de la magnifique couverture). On pourra toutefois regretter une petite phase de tâtonnement dans les premiers numéros et des passages parfois un peu trop sombres et confus.
Une petite déception que ce récit dont j’attendais beaucoup. L’équipe créative ne parvient pas suffisamment à tirer parti d’un univers au riche potentiel. En ressort un récit agréable, avec une relation entre ses deux principaux protagonistes bien écrite et une solide partie graphique, mais au final assez banal. Dommage !