Dorohedoro de Q Hayashida, c’est un peu comme si un savant fou avait mélangé du cyberpunk, de l’humour noir et des champignons hallucinogènes dans une marmite, pour en ressortir un manga aussi déroutant que fascinant. Bienvenue à Hole, une ville dévastée où la violence, la magie et la crasse cohabitent joyeusement, mais où chaque ruelle cache un mystère plus bizarre que le précédent.
L’histoire suit Caiman, un homme à tête de reptile qui cherche à découvrir son identité après avoir été transformé par un sorcier. Son enquête, accompagnée de son amie Nikaido, est une plongée dans un monde où la magie n’est pas un cadeau mais une malédiction, et où chaque page semble vouloir vous jeter de l’acide à la figure, juste pour voir votre réaction.
Visuellement, Q Hayashida ne fait pas dans la dentelle : son style est brut, agressif, et terriblement efficace. Chaque case déborde de détails : des immeubles délabrés, des ruelles crasseuses, des personnages tordus (dans tous les sens du terme). L’univers de Dorohedoro est un chaos organisé, où chaque planche est une œuvre d’art déjantée et oppressante à la fois. Vous sentez la poussière, vous entendez le métal grincer, et parfois, vous êtes presque sûr de sentir une odeur de sang.
Le ton, lui, est un cocktail explosif. Un mélange d’humour absurde, de gore assumé et de tendresse inattendue. Oui, Dorohedoro est une boucherie, mais une boucherie qui sait vous surprendre avec des moments de douceur et des personnages auxquels on s’attache, même s’ils sont souvent couverts de viscères. Caiman, avec sa tête de reptile et son humour pince-sans-rire, est un héros aussi improbable que mémorable. Et Nikaido ? Une badass aux casseroles magiques qui vous donne envie de rester dans cet enfer.
Côté scénario, Dorohedoro joue avec nos nerfs. Chaque révélation soulève de nouvelles questions, chaque combat semble sorti d’un cauchemar sous acide. Mais c’est justement ce chaos maîtrisé qui rend l’œuvre aussi addictive : on ne sait jamais à quoi s’attendre, et on adore ça.
Certes, certains lecteurs pourraient trouver l’intrigue trop dense ou décousue par moments, mais ce serait passer à côté de l’essence même de Dorohedoro. Ce n’est pas une histoire qu’on suit, c’est une expérience qu’on vit, une descente dans un univers où la logique a pris des vacances prolongées.
En résumé : Dorohedoro est un ovni manga, un joyeux bordel visuel et narratif qui ne ressemble à rien d’autre. Une plongée dans un univers crade, violent et drôle, qui vous laissera à la fois sonné et ravi. Attachez vos ceintures, parce que ce voyage à Hole est aussi dangereux qu’inoubliable.