Moins de cul, moins de gore, plus de narration.
Ça marche. Pourtant, c'est un peu n'importe quoi cette intrigue. Mais ça passe. Ça passe peut-être grâce à cette première séquence : un rêve (érotique). En fait, toute cette histoire ressemble à un rêve. D'ailleurs, cette cité dont les murs bougent, dont les lieux se transforment, c'est exactement ce que l'on subit en rêve une fois qu'on essaie de récolter toutes les données et de leur donner un sens. Un rêve où le plaisir et la terreur se rejoignent. Constamment, les personnages font référence au plaisir de la douleur. Et les victimes semblent très vite convaincu de la véracité du propos.
Et puis aussi, dans cet album, on a un vrai objectif et en plus il est accompagné par des conflits. Cela n'a l'air de rien mais ça suffit à créer des attentes, de la tension, du suspens. La caractérisation des personnages masculins est de plus en plus radicales lorsqu'il s'agit de l'exploiter au travers des faits. Quant à Druuna, elle semble ne pas faire partie de ce monde qui la fascine autant qu'il la répugne. C'est assez étrange.
Serpieri propose ici un dessin plus poussé que dans le précédent : la mise en page est moins bordélique (il reste tout de même l'une ou l'autre où l'on ne sait pas si on doit s'attaquer à la vignette du dessous ou celle d'à côté), le graphisme est plus léché, moins brouillon et donc plus lisible. Les positions érotiques semblent clairement inspirées de films, tant mieux vu qu'il dessine bien. Et puis il choisit toujours le bon angle, celui qui fera mousser le caleçon. Surtout avec cette femme aux courbes si généreuses.
Je n'arrive vraiment pas à me décider ; Serpieri est-il un féministe ou un sacré sexiste ? Druuna a beau être la sauveuse, elle a beau utiliser les hommes pour survivre, elle reste tout de même soumise à tous les caprices, en premier lieu celui de son Dieu créateur Serpieri, ensuite celui de tous ces hommes qu'elle utiliserait (difficile de savoir qui est le vrai dominant entre le roi et ses sujets). Druuna est son exécutante, elle sera très vite d'accord pour se faire assiéger l'anus et ses regrets ne dureront que le temps d'une pensée au maximum. Ce qui est sûr, c'est qu'il l'aime bien sa petite Druuna. Et nous aussi.
Bref, j'ai passé un bon moment devant cet album. J'ai moins bandé que durant le premier album, mais j'ai bandé quand même, et ça c'est cool.