Grand familier des financements participatifs de Youtubers, c'est sans surprise que je me suis jeté la tête la première dans le projet du dessinateur de l'actu animé.
Non pas que l'effondrement m'intéressait fondamentalement à vrai dire. J'aimais surtout l'idée de l'aider à faire son projet d'autonomie, histoire de voir comment ça allait se passer. Pour autant, je suis là pour critiquer la BD, et il est vrai qu'il y a des choses à dire.
Tout d'abord, du positif. Les dessins sont dynamiques, plutôt beaux, des choix de couleurs intéressants, une représentation très graphique de certaines choses (le sang notamment). Le tout donne l'impression de lire un dessin animé, ce qui donne une certaine fraîcheure à la bande dessinée.
Autre point positif, le fait que l'on veuille connaître la suite. On peut présager un survival au milieu d'un monde dévasté, et je veux qu'il continue dans cet univers - là, fortement intégré dans notre monde à nous ,parfois trop. On pourra néanmoins repprocher à l'auteur de faire finir son premier tome en "cliffhanger", c'est rarement conseillé pour un premier volet qui doit se suffir à lui-même.
Après oui, sur le fond, c'est déjà plus discutable. Non pas la manière dont l'effondrement survient, qui bien qu'un peu téléphonée, reste légitime vu les craintes que peuvent avoir les français. Mais bien plus sur les éléments de discours présentés ici et là, clairement marqués comme des vérités absolues alors qu'ostenciblement imprégnées d'idéologie libertarienne. Je me fiche bien qu'il choisisse de se concentrer sur certains aspects de la réalité politique (délinquance violente, terrorisme), mais j'ai déjà plus de mal avec son aspect individualiste. Il faut lui reconnaitre quelques phrases bien senties (la société de consommation est le nouveau fascisme ou un truc du genre, ça manque d'approfondissement mais ça a une part de vérité), mais on peut parfois regretter l'aspect pancarte publicitaire pour l'autodéfense et l'Arpac (qui a certes le mérite de présenter une réflexion développée sur le port d'arme citoyen, mais bref c'est pas le sujet).
Les différentes rencontres que fait le héros sont intéressantes, notamment la première majeure qui donne lieu à une bromance intéressante, qu'on aimerait même voir en film. Mais ça manque parfois de développement, entre autre quand ça laisse la place à trop d'idéologie. Alexis Koleszar sait parfois se montrer nuancé (sur les questions de racisme notamment, et sur les différents degrés de radicalité), mais pas assez pour que le fond puisse parler au plus grand nombre. Moi j'arrive à faire la part des choses, et à profiter de cette BD dont la trame était relativement attendue; pas sûr que ce soit le cas de tous le monde.