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Serge est toujours le Père Noël de Notre-Dame-des-Lacs. Quand le village souffre de pénuries diverses pour cause de fermeture du Magasin Général, il se propose à avancer le prix d’achat des marchandises sur ses propres économies. Ca n’empêche pas que la belle bande de bouseux assez frustes de Notre-Dame-des-Lacs ressemble une nouvelle fois au village d’Astérix, avec ses fâcheries et castagnes (pages 14 à 16), et, plus subtilement (si on peut dire !), avec le comportement primitif consistant à trouver un bouc émissaire émotionnel pour décharger ses frustrations et ses agacements. Pour les uns, c’est Marie, pour les autres, le mec qu’elle a tripotée, et qui n’avait pas demandé grand’ chose, mais qui se prend force taloches.

A Montréal, Marie a appris la joie de vivre, le plaisir sans engagement des rencontres fortuites (ce qui ne devrait pas arranger son cas à son retour). On parle beaucoup d’ « être soi-même » dans cet album : Marie avec Serge ou Jacinthe (pages 57 à 61, pages 69 à 71), mais aussi Serge avec Réjean, qui s’avoue un peu coincé dans son rôle de curé (pages 48 et 49).

La longue scène du retour de Marie est traitée avec tout le détail nécessaire pour rendre compte des sentiments divers, voire mélangés, des uns et des autres. Amusant suspense sur l’identité de la « surprise » ramenée de Montréal à l’intention de Gaétan, qui triche éhontément aux dames d’une manière assez autistique, tout en prétendant jouer avec Serge, qui n’est même plus au courant qu’il joue. Page 41, scène très réaliste sur le vécu des campagnardes qui interviewent Marie sur ses expériences à Montréal, et qui trahissent la vision déformée et émerveillée qu’elles ont construite de ce mirage urbain. Les campagnes françaises du début du XXe siècle ne fonctionnaient pas autrement. Le gramophone et l’appareil photo à soufflet introduisent la magie du modernisme dans ce monde rude.

L’album est également marqué par les accidents de la vie : un pont sur un cours d’eau emporté par la crue, et qu’il faut refaire soi-même (sans pleurnicher auprès des autorités compétentes, parce que, visiblement, il n’y en a pas : bel exemple pour notre société d’assistés et de récriminateurs non-stop !), un trappeur blessé par un ours, et qui doit être rapatrié par canoë, avec portages au niveau des chutes d’eau, une récolte de céréales à moitié fichue à cause de l’orage.

Beaux reliefs de Tripp un peu partout, avec effets de couleurs très réalistes sur l’arrivée d’un lourd orage d’été (pages 12 à 18).

Beaucoup d’humanité, si bornée, si fraternelle !
khorsabad
7
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le 19 juil. 2012

Modifiée

le 20 juil. 2012

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khorsabad

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