J’avoue, lorsque Bitch Planet a été annoncé et mis en avant par Glénat Comics, avoir été peu inspiré, et surtout peu tenté pour me lancer dans l’aventure. La peur de ne pas être le public cible, peu d’attrait avec les dessins de Valentine de Landro et une couverture qui n’a pas attiré mon œil. Et puis Kelly Sue DeConnick, j’ai beaucoup de mal. Mais les bons retours, le thème fort apparemment bien traité et les conseils d’Elsa Charretier (The Infinite Loop) m’ont poussé a laissé, une fois de plus, ma curiosité prendre le pas sur mes aprioris.


Tu es non-conforme ? Tu ne rentres dans aucune case ?
Tu es trop grosse, trop maigre, trop effrontée, trop prude, trop timide, trop sexy, trop croyante, trop noire, ou pas assez, pas assez blonde, ou encore trop ce-qu’ils-ont-décidé-de-te-reprocher-aujourd’hui ?
Tu pourrais bien finir sur… Bitch Planet !
(Contient les épisodes #1 à 5)


Première surprise, on se trouve dans un récit certes social et un brin politique, mais aussi de science-fiction. Bitch Planet est une vraie planète, loin de la Terre, perdue dans l’espace.
Et Bitch Planet est une prison, ultra violente et ultra dure, pour femme. Une femme trop grosse ? En prison, sur Bitch Planet ! Une femme qui ne prend pas soin d’elle ? En prison, sur Bitch Planet ! Une femme ne supportant pas l’adultère de son mari et le fait savoir ? En prison, sur Bitch Planet ! Une femme qui trompe son mari ? En prison, sur Bitch Planet ! Autant dire que les femmes ont perdu beaucoup des droits, qu’elles ont tant de mal à acquérir. Dans Bitch Planet, Kelly Sue DeConnick ramène la femme à l’image la plus navrante qu’on puisse avoir d’elle, une potiche se devant d’être belle et docile à son mari. Autant dire, l’âge de pierre dans l’échelle sociale !


Pour toutes les femmes qui ne rentrent pas dans les cases, dans les standards d’attente des hommes, c’est direction la prison ! Et autant le dire de suite, il n’y a pas de retour possible ! Quand on voit qu’un homme adultère, contre petite enveloppe, peut demander à ce que sa femme soit égorgée pour vivre tranquillement avec sa maîtresse, cela fait froid dans le dos ! Les critères sont simples, belles, serviables, soumises et qui la ferme ! Kelly Sue DeConnick va très loin dans le bâchage des femmes, elles prennent très cher, au point d’être mal à l’aise à certains moments. Certaines femmes s’injectant des parasites gastro-intestinaux pour rester maigre !! Cette époque se résume simplement, homme égal dieu tout puissant, femme égale soumise totale !


Mais ce n’est pas le pire, certaines femmes semblent en effet se faire à ces règles, à cette vie, du moins en ont fait leur deuil. Mais sur Bitch Planet, les choses sont encore pire. Les femmes sont humiliées, tabassées, rabaissées, conditionnées et considérées comme de la mer… Des douches communes, complètement nues, sous les regards libidineux de gardes qui en profitent. C’est bien simple, on dirait des animaux en batterie.


Au milieu, parmi toutes ces femmes se trouve Kamau Kogo. Une ancienne sportive, afro-américaine, qui refuse de s’écraser face à cette tyrannie injuste et dérangeante. Cela tombe bien, son incarcération coïncide avec l’idée de faire participer une équipe de prisonnières au Mégaton l’événement sportif mondial de cette époque ! Un sport extrêmement violent, où tous les coups sont permis et où les équipes en se limitent pas en nombre de coéquipiers mais au poids total.
Mais cette entrée dans la compétition, n’est-elle pas un prétexte supplémentaire pour taper de la femme ?


Graphiquement, je ne suis pas fan du tout de Valentine de Landro. Un style brouillon, fouillis, mais qui néanmoins permet d’atténuer, un peu, la violence du récit de Kelly Sue DeConnick. Un style plus réaliste aurait été bien trop dérangeant.


Bref, à ma grande surprise, j’ai été happé par l’histoire. C’est très violent, très dur, le traitement des femmes est malsain, gênant mais le pire dans tout cela, c’est qu’on a l’impression, malheureusement, que Kelly Sue DeConnick ne fait que grossir un point honteux de notre société, avec la vision et le traitement de la femme à notre époque, encore. Dans ce premier tome, c’est ce constat général qui prédomine et accapare toute l’attention. Il n’y a qu’à voir le personnage principal, Kamau Kogo, charismatique mais dont on ne sait rien. Il n’y a que Penny qui réussit, pour le moment à nous marquer.

Romain_Bouvet
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le 29 août 2016

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Romain Bouvet

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