Ce tome est le premier d'une série qui en compte 6 et qui est indépendante de toute autre série. Elle est écrite par Warren Ellis, et illustrée (dessins + mise en couleurs) par Paul Duffield. Elle a fait l'objet d'une prépublication gratuite sur le site internet de Warren Ellis, à partir du 15/02/08 jusqu'au 05/08/11.


Il y a vingt-trois ans, en Angleterre. 12 enfants étranges naquirent exactement au même moment. Il y a six ans, ce fut la fin du monde. Voici ce qu'il s'est passé ensuite... Ce sont les premiers mots de ce tome. Dans un quartier de Londres à moitié englouti par les flots, KK, une jeune femme aux yeux violets (Kolfinnia Kokokoho Titching de son vrai nom), se réveille à coté d'un jeune homme avec qui elle vient de coucher. Bientôt, elle est contactée télépathiquement par Connor, un jeune homme aux yeux violets (la marque des 12 FreakAngels). Elle s'envole à bord de son hélicoptère monoplace vaguement steampunk et complètement artisanal, pour rejoindre Connor dans un autre quartier de Londres et le sauver juste à temps d'une tentative d'assassinat par Alice dont la famille a été tuée par Mark (un autre jeune homme aux yeux violets). Parmi les FreakAngels, il y a également Karl qui s'occupe de ses plantes sur sa terrasse et qui porte une protection d'aluminium autour de sa tête, cachée sous son chapeau. Luke vit comme un clodo dans la rue uniquement revêtu d'un imper, sans rien en dessous, et dormant sous un carton. Dans ce premier tome, le lecteur fait encore connaissance avec Sirkka, Kirk, Arkady, Carolyn et Jack, et une partie de leurs pouvoirs.


Warren Ellis et Paul Duffield invitent le lecteur à une promenade décontractée (avec un ou deux dangers) dans ce Londres à moitié les pieds dans l'eau, à la rencontre de ces jeunes adultes remplissant chacun une fonction inattendue dans ce qu'il reste de civilisation. C'est ce qui retient d'abord l'attention : ce rythme presque nonchalant. Duffield a choisi une mise en page aérée de 4 cases par page de taille identique. Chaque page est découpée en 4 rectangles de même taille (2 bandes de 2) sagement juxtaposés. Régulièrement 2 rectangles supérieurs, ou inférieurs, sont fusionnés pour ne faire qu'une seule case de la largeur de la page. Il y a de ci de là une pleine page pour une vue élargie du paysage urbain.


Duffield utilise un style très gentil pour l'oeil, sur la base de contours délimités par un trait fin sans variation d'épaisseur. Les ombrages sont apportés par les variations de teintes des couleurs qui sont majoritairement délavées. Toutes les couleurs vives sont proscrites, aucune teinte ne ressort qui pourrait agresser le lecteur à la lecture. Du coup les illustrations semblent bien fades au premier coup d'oeil rapide. Il m'a fallu un peu de temps pour passer outre cet aspect tiédasse et pour commencer à voir ce que représente le dessinateur. Au-delà de la mise en page simpliste, répétitive et presqu'hypnotisante, il apparaît qu'il emploie un mode de représentation totalement déconnecté des comics. Ces traits d'une finesse constante délimitent des formes simples, sans fioriture. Mais chaque forme gagne une texture unique grâce au travail sur les couleurs qui ne sont fades qu'en apparence. La simplicité des formes et la taille importante des cases permettent à Duffield d'augmenter la densité des éléments par case au gré des besoins du scénario. Les visages ne sont pas très beaux, ou très texturés, mais les décors, la décoration, les vêtements et les rares machines présentent chacun une forte personnalité, tout en restant éminemment lisible.


Au bout de quelques pages, ces illustrations finissent par immerger le lecteur dans un monde très particulier, diaphane tout en étant précis, inaccessible tout en étant proche, impossible tout en étant concret. De son coté Warren Ellis n'explique rien sur la situation en cours, il ne fixe pas d'enjeu donnant une direction à la série. Il donne plutôt l'impression de baguenauder au gré d'un événement (l'arrivée d'Alice), ou du quotidien de chaque FreakAngel (dont un tour au marché). Le lecteur doit accepter cette narration nonchalante qui privilégie l'atmosphère d'une petite communauté paisible, après un cataclysme qui a profondément remis en question la civilisation. Ellis ne développe pas non plus le système politique en place et la communauté ne semble pas avoir d'autres objectifs que de vivre au jour le jour, sans pénibilité excessive, sans danger majeur, tranquillement.


Ce premier tome constitue une lecture déconcertante par son manque d'enjeu identifié, par son manque d'explication sur ce qui a provoqué le cataclysme, par sa focalisation sur ces jeunes adultes dont les objectifs ne semblent pas bien ambitieux. Par contre, il happe le lecteur pour lui faire découvrir un endroit déconcertant où il fait bon vivre malgré le cataclysme, où les gens semblent sereinement adapté à la situation, même si les erreurs du passé en hantent encore certains. Au final, c'est ce manque d'enjeu, de but qui me retient de décerner pus d'étoiles parce que ce tome donne l'impression d'un long prologue, plutôt que d'un chapitre consistant.

Presence
8
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le 4 janv. 2020

Critique lue 57 fois

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