J'avais lu plusieurs strips de Paf & Hencule sur internet il y a quelques années, j'avais le souvenir mitigé à la fois de quelques gags pas trop mal sentis dans leur brutalité et leur absence souvent totale de motivation, mais aussi fréquemment de quasi non-vannes qui flirtaient avec la paresse de beauf.
A la relecture des deux tomes disponibles de la série plusieurs années après, je dois dire que le deuxième sentiment prédomine. Si la série sait indéniablement manier l'art traditionnel du strip, avec notamment son découpage trois cases bien compris dans son rythme, son utilisation du running gag et des cases répétées (Paf et Hencule devant la tombe par exemple pour une épitaphe dérisoire) ou son bon usage des révélations en case 3 (parfois en antéposant l'ordre chronologique, le gag venant d'une découverte d'une action passée dans la case finale qui explicite une situation cocasse), on se vautre beaucoup trop souvent dans des vannes sans aucun effort qui se limitent à montrer un viol parce qu'il ne faut pas ou à tourner sur de l'humour type Paf et Hencule prennent les noirs pour des singes donc...c'est drôle ?
Si ces vannes déjà limites en soi et voulues comme telles viennent à lasser, c'est surtout qu'elles se présentent sous plusieurs itérations sans réel retravail à chaque fois. Paf et Hencule reconduisent un enfant noir au zoo pour qu'il retrouve ses parents, Paf et Hencule proposent à un noir qui va se faire amputer de mordre dans une banane, Paf et Hencule veulent corrompre un policier noir en lui offrant une banane, etc etc, ce n'est pas plaisant une fois de mon point de vue mais ça ne saurait jamais l'être en répétant tel quel.
Ce n'est pas facile de faire de l'irrévérence qui sert à quelque chose, même à simplement faire rire sur les tabous. C'est une explosion vulgaire qui a déjà un aspect offensif quand elle advient, si derrière on ne sent rien d'autre que les goutelettes du pétard mouillé ça ne colle pas.
Je ne suis pas contre par principe ni l'immaturité, ni la provocation, ni l'utilisation de stéréotypes racistes, sexistes, mais quand on décide de paver son travail d'oeufs on a au moins la décence de pas traverser avec ses bottes cloutées.
La parodie benetton de Joan Cornella par exemple avec le nain qui se fait cramer dans la station service, c'est marrant parce qu'il y a un travail sur la cruauté surréaliste abouti et que quelque chose peut se synthétiser derrière le grotesque crado et agressif de l'idée. Mais ça nécessite un peu plus de taf que lâcher la blague facile de la jungle.