Jirô Taniguchi n'est plus un inconnu en Europe. Ce mangaka y a connu un succès certain populaire et critique. Il retrouve pour l'occasion Bakû Yumemakura, l'auteur du roman Garôden, mais aussi de romans de S-F et d'aventures, et scénariste/adaptateur de talent, qui l'avait accompagné pour « Le Sommet des Dieux ». Magnifique œuvre confrontant l'homme face à la splendeur et la majesté de la Montagne.
C'est, d'une certaine manière, en terrain connu que les deux auteurs nous amènent, une histoire d'homme et de dépassement des limites. Adaptation d'un roman à succès, ce manga expose une quête solitaire vers quelque chose d'assez indéfinissable, qui poussera les protagonistes toujours en avant. Mais ici, fini les espaces vierges, démesurés et contemplatifs de la Montagne, ou des vastes plaines américaines, et autres théâtres de sa série sur le naturaliste Seton, et retour à la jungle urbaine de tours et de béton des villes.
Bunshichi TANBA, un homme, musclé, viril, puissant, le corps couvert de cicatrices, et l'esprit affuté tel une lame pour sa quête du combattant à surpasser.
Il est un Dojo Yaburi (littéralement un Casseur de dojo), c'est-à-dire qu'il parcourt le pays afin de se confronter aux plus puissants combattants d'écoles d'arts martiaux ou d'arts de combat.
Dans sa recherche il va connaître une cuisante défaite contre Toshio KAJIWARA, un catcheur de la récemment créée Toyoh Pro Wresling, une fédération de catch.
Leur rencontre est l'axe central de l'histoire, le nœud qui lie ces deux hommes vers un prochain combat décisif. Les deux adversaires exsudent une certaine bestialité, tels des fauves, mais contenue, tempérée par une humanité bien présente, et un sens profond du respect du combat et du combattant.
Ils sont ainsi loin d'être des bourrins écervelés adeptes de la théorie de celui qui a la plus grosse...maitrise de son art.
Mais ce n'est pas tant le combat pour le combat que les auteurs mettent en avant, en effet le processus de réflexion et de questionnement qui pousse Tanba à vouloir se prouver quelque chose est bien amené: pourquoi cherche-t-il ce combat, dans quel but, pour se prouver quoi, pour se sentir exister, donner un sens à sa vie?

L'histoire est servie par ce dessin fluide ayant le souci du détail propre à Taniguchi, expressif et puissant, vivant et épuré, c'est l'essence de l'art de l'auteur, l'ensemble s'adaptant fort bien aux scènes de combats.
Il s'agit ici d'un One- shot qui se suffit à lui-même, mais laisse quelques interrogations en suspend, comme une porte ouverte.
Un manga qui de prime abord apparaît atypique dans l'œuvre de Taniguchi, mais au final on y retrouve ses thèmes favoris, l'humain confronté à lui-même, la recherche des émotions par le dépassement, le respect et d'une certaine manière l'humilité.
Cosmoclems
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le 3 avr. 2012

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