— Qui êtes-vous ?
— Gaston.
— Qu'est-ce que vous faites ici ?
— J'attends.
— Vous attendez quoi ?
— J'sais pas… J'attends...
— Qui vous a envoyé ?
— On m'a dit de venir...
— Qui ?
— Sais plus...
— De venir pour faire quoi ?
— Pour travailler...
— Travailler comment ?
— Sais pas… On m'a engagé...
— Mais vous êtes bien sûr que c'est ici que vous devez venir ?
— Beuh...
Nous sommes en 1957, Gaston vient de naître. Deux réflexions m’assaillent :
Il y a donc eu un temps avant Gaston ! N’est-il pas éternel ? Probablement pas, il est le fils des Trente glorieuses, de l’emploi salarié et de la civilisation urbaine. Il est l’avatar contemporain du grotesque médiéval, du bouffon du roi. Falstaff était gentilhomme insatiable, menteur et vantard. Gaston est un doux employé de bureau disruptif. Gaston génère de l’imprévisible, du désarroi, du rire. Gaston est indolent, mais décidé. Gaston est fragile, mais indestructible. Gaston est mon ami.
Inversement, comment croire que cet album fête ses 60 ans ! Le personnage et le dessin n’ont pas vieilli. Son humour est intemporel. Franquin est un génie.