Gen D’Hiroshima est l’oeuvre la plus connue en occident de Kenji Nakazawa. Elle est quasi autobiographique et dépeint l’horreur de la bombe atomique au Japon et ses nombreuses conséquences qui surviendront pendant des décennies.
La famille Nakaoka
Le héros, Gen, a 7 ans en août 1945. Il vit avec ses parents, il a une grande soeur et trois frères. Sa maman attend un enfant. Son père, fabricant de geta, est profondément pacifiste, ce qui ne manque pas de créer de nombreux soucis à toute la famille :
Le jour de la bombe, Gen perd son père, son frère cadet et sa soeur, bloqués dans les décombres de leur maison en feu. Sa mère accouche de sa petite soeur quelques heures plus tard. Dans les volumes suivants, nous suivons toute la famille tentant de survivre par tous les moyens.
Ce septième tome est l’un des plus bouleversant de la saga
Nous y découvrons :
Le contenu du livre écrit par le papa adoptif des orphelins de la bombe.
Le sort réservé par les américains aux opposants du nouveau régime. Parfois les victimes ne sont que des personnes voulant parler des méfaits de la bombe.
La colère grandissante de Gen vis à vis de l’empereur, qui a précipité le Japon dans cette catastrophe, et vis à vis des américains exerçant une pression redoutable.
Le sort réservé aux coréens au Japon et dans leur propre pays.
La police de surveillance de l’opinion, traquant communistes et sympathisants de gauche jusqu’en 1945.
En 1945 apparaît la cellule d’action clandestine surveillant les communistes, socialistes, pacifistes et intellectuels de gauche. Celle ci fut créée par le commandement suprême d’occupation alliée.
Une vision lucide de la situation japonaise
Comme le dit la maman de Gen :
Dès qu’il y a des militaristes, il est trop tard. Ils ont tôt fait
de faire des lois comme celle sur la sûreté de l’Etat et d’utiliser
les gens comme chair à canon. Dès qu’il y a des risques de guerre,
nous devons tous nous unir pour qu’elle ne se déclenche pas. il y aura
toujours quelqu’un pour en profiter et dire que c’est pour le pays.
Ces mots résonnent longtemps dans la tête.
Dénoncer pour ne pas oublier
Profondément opposé à la guerre, Nakazawa poursuit la description d’un monde bouleversé par le conflit.
Son manga est une piqûre de rappel salutaire pour nous rappeler ces horreurs. Horreurs d’autant plus choquantes, qu’elles sont vues au travers des yeux d’un enfant âgé de 11 ans en 1949. Le mangaka n’oublie pas de faire de ce témoignage une aventure mêlant burlesque, joies et drame absolu. Ce manga reste destiné à un large lectorat.
Ce manga est devenu au fil du temps aussi incontournable que Maus d'Art Spiegelman sorti dans la décennie suivant, la Tombe des Lucioles d'Akiyuki Nosaka ou encore le terrible Journal d’Anne Frank.
C'est un monument du neuvième art tout simplement. il sera également adapté en film d'animation, à l'instar du tombeau des lucioles en 1988.