Genetiks™, tome 1 par Sejy
Frustration. Voilà qui résume parfaitement mon état esprit.
Partant sur les bases d'un thriller vulgaro-scientifique dans la veine de ces séries TV américaines de nouvelle génération (Heroes, Lost...), ce scénario détient tout le potentiel pour accrocher le chaland et le tenir efficacement en haleine. Plutôt bon client, et malgré un sujet relativement classique pour ce genre, j'étais prêt à me laisser balader par un divertissement dont les ingrédients semblaient si alléchants. Des manipulations génétiques, des complots, des assassinats, de l'action et du suspens, du fantastique... Un tout manifestement bien ficelé et cohérent. Sauf que j'ai dû me faire violence pour terminer ce premier tome. Je n'ai jamais été pleinement pris par le récit, totalement perturbé par son style graphique.
Sans réelle connaissance artistique, je n'ai pas la compétence pour juger de la qualité du dessin, décider s'il est bon ou mauvais. En général, j'ai d'ailleurs tendance à m'adapter au trait d'un créateur, cherchant plutôt à profiter de ce qui l'apporte à l'harmonie de l'œuvre. Dans le cas présent, je n'y suis pas arrivé et je pense savoir pourquoi.
Dans une bande dessinée au trait « classique », j'accepte inconsciemment l'aspect exagéré des caractères des protagonistes. Ils demeurent des personnages à part entière, même si la composante émotionnelle de certaines situations est volontairement suramplifiée. Ça ne me pose aucun problème. Dans Genetiks, cet aspect ultra réaliste de la ligne, confinant quasiment au roman-photo, m'a fortement déstabilisé. J'avais l'impression de voir des comédiens tenir les rôles des personnages. Sauf que l'on n'est pas au cinéma. Ce manque de mouvement, ces postures figées truquent les émotions. Ces acteurs surjouent ! Un surjeu qui parasite malheureusement la trame et me donne la sensation que toute cette histoire sonne faux. Et pour ne rien arranger, cet « immobilisme » créé une certaine perception de rupture entre les cases, une hachure du tempo qui nuit à la fluidité de la narration. C'est vraiment dommage.
Je ne sais pas si j'ai été assez clair, alors je poserai simplement la question. Faut-il systématiquement adopter le style réaliste pour donner de la crédibilité à un récit ? En tout cas, le résultat est là : je n'achèterai pas la suite.