« Cette pizza, on la mange quand dans tout ça ... ? »
Prendre un héros d’histoires courtes et le coller dans une intrigue longue, voilà souvent une expérience de BDéisme qui se termine dans le mur ... sauf pour Léonard ! ce tome 6 est une bonne surprise, avec une histoire bien maîtrisée, assortie d’un bon rythme, et assaisonnée d’une flopée de gags plutôt réussis. Le scénario est un peu long à se mettre en place, mais il faut ce qu’il faut.
Voilà donc nos deux ahuris partis faire le tour du monde en l’an 1492. Au programme, ouso et maçonnerie en Grèce, arnaques en tout genre aux frontières, et traversée de deux océans à la nage pour Basile. Bien sûr l’obligation de suivre un fil rouge limite le potentiel des gags, qui sont moins délirants qu’à l’accoutumée, mais ils virent quand même dans le n’importe quoi avec une admirable régularité. L’escadrille volante des lamas tibétains décroche la palme, suivie de près par les cow-boys de la route au Nouveau-Mexique. Et deux clins d'oeil à Popeye !
La nécessité de boucler le tour du monde en 46 pages interdit les digressions : alors, Turk et De Groot se rattrapent sur les panneaux et écriteaux en tout genre : « Bagdad, son calife, ses dattes historiques » ou encore « Man spricht deutsch, mais c’est pas facile ». Et quelques références un peu plus mordantes à l’actualité politique de l’époque, avec le restaurant Ghis-Khar et le fait qu’en France, on ait des idées mais pas de pétrole.
Le seul bémol, c’est peut-être l’Irak et l’Iran, où les gardes-frontières affairistes et roublards louvoient avec des préjugés un peu datés ...
Malgré ses défauts, ce tome 6 permet à Léonard de passer sans trop de peine l’épreuve fatidique du récit long, lui qui a l’habitude des gags courts.
Et si vous n’avez pas aimé ce Génie en balade, pas de panique : dès l’album suivant, Turk et De Groot reviennent aux gags courts...