En me lancant dans Wormwood, je ne savais pas trop à quoi m'attendre. Ben Templesmith en roue libre qui raconte l'histoire d'un ver qui contrôle un zombie. Forcément, on s'attend à de l'humour. Je connais Templesmith via son travail sur Hellspawn, alors j'avoue que je m'attendais à un découpage très proche, c'est à dire, pas franchement facile d'accès.
Mais là, Templesmith nous pond une petite merveille, sortie de nulle part, et absolument surprenante. En effet, Wormwood n'est pas qu'un simple asticot maléfique capable de contrôler un corps et de boire beaucoup d'alcool, il est aussi expert en problèmes paranormaux qu'il gère avec une flegme toute britannique (normal au vu de son accent). En gros, les problèmes apparaissent, il est là, donc il décide de les gérer, non avec héroïsme ou une motivation exacerbé, mais pas non plus en trainant des pieds. Wormwood c'est un "héro" flegmatique au possible.
Il est en plus aidé par une belle bande. Monsieur Pendulum, un robot destructeur créé par Wormwood, amateur d'armes à feu mais franchement incapable de boire ou de copuler. Médusa, patronne d'un bar de strip-tease qui a obtenu l'immortalité tant qu'elle surveille un passage dimensionnel, Phébée, une ancienne employée de Médusa devenue garde du corps aussi sexy qu'efficace et Trotski, flic fantôme qui ère vu son incapacité à résoudre des affaires pour soulager son karma. Autant dire qu'on a ici une belle bande.
Une bande prête à combattre des menaces venus d'ailleurs, et souvent armées de tentacules. Une vraie ambiance géniale.
Et à travers ça on voit une affaire centrale qui émerge et sur laquelle Wormwood va devoir se pencher sérieusement si il ne veut pas que la Terre soit détruite, mais rassurez vous, il y va à sa manière, sans se presser.
Wormwood jouit évidemment du dessin très beau de Templesmith, totalement maître de sa direction, il décide d'être dans quelque chose de compréhensible, de facile d'accès et en même temps de macabre et particulièrement beau.Le style est varié et se différencie selon l'angle de vue. C'est vraiment sympathique et ça change de ce que l'on voit habituellement. Potentiellement, certains détesteront, il faut dire que l'absence presque total de décors est pour le moins surprenant et le graphisme peut vraiment étonner, mais ce sont des choix qui trouvent un écho dans l'histoire.
Car oui, le dessin porte l'histoire, fusionne avec et amène un tout absolument génial.
Ajoutons à cela un humour bien spécifique et on a un cocktail gagnant. Car l'humour, chez Wormwood, est particulièrement bien géré. Jamais lourd, jamais trop prévisible, surprenant sans l'être trop, pile poil le bon mot, une dose de flegme par-dessus. Vraiment, c'est un mélange parfait, une alchimie qui séduit directement.
Wormwood c'est quoi ? C'est un univers démoniaque, extra-dimensionnel à la Spawn raconté à la façon Scott Pilgrim. Le côté absurde mais pas trop s'y retrouve parfaitement.
Or, vu que je viens de vous citer deux excellentes BD, vous comprenez que Wormwood, ce n'est pas n'importe quoi !