Ghost in the Shell est un manga Cyberpunk en deux volumes de Masamune Shirow qui connu comme vous le savez surement une adaptation cinématographique, réalisé par Mamoru Oshii qui popularisa la franchise aux Etats-Unis et en France, fort de son succés, le manga eu le droit à de multiples adaptations et mangas dans le même univers, mais avec des temporalitées différentes comme GITS 1.5 Human Error Processor qui se passe entre le premier et deuxième volume, GITS Manmachine Interface qui pour être bref, s'éloigne tant de l'oeuvre originel qu'il en devient assez passable, ainsi qu'une série d'animation du nom de Ghost in The Shell : Stand Alone Complex, réalisé par Kenji Kamiya (Seirei no Moribito).
Le manga se déroule dans un Japon futuriste du 21ème siècle, le cadre ne sera pas s'en rappeler la Sprawl Trilogy (Le Neuromancien, Comte Zéro et Mona Lisa s'éclate) de William Gibson, nous y suivrons les enquêtes de la section 9, une unité spéciale de police chargée des affaires de cyberterrorisme et principalement, celle du marionnettiste, un cybercriminel accusé de pirater des cerveaux cybernétiques.
Nous y suivrons principalement le Major Motoko Kusanagi, cyborg doté d'une conscience humaine : le Ghost, et d'un corps synthétique : le Shell, leadeuse sur le terrain de la section 9.
Ghost in The Shell a pour réputation d'être un manga et un film pilier du genre Cyberpunk au Japon avec ses questions philosophiques notamment métaphysiques et existentielles, sa maîtrise des termes scientifiques avec même une explication certes simplifié, de la construction d'un cyborg ainsi que des différents degré de cybernétisation, sans parler de l'aspect politique et sociétal ...
On peut très vite remarquer l'influence de Do Androids Dream of Electric Sheep de Philip K. Dick ainsi que son adaptation cinématographique Blade Runner sur l'œuvre de Shirow par le fait qu'ils posent des questions similaires : est-ce qu'un androïde (ou une intelligence artificielle dans le cas de GITS) peut s'élever à la conscience humaine et être considéré comme un humain ? Ou qu'est-ce qui sépare l'humain de l'androïde (ou du cyborg) ?
Il est à noter que ces mêmes questions tirent leur source du roman I Robot, d'Isaac Asimov (Qui tire lui-même son influence d'Alan Turing et de son test qui tend à dire que toute machine qui passerait son test devrait être considérée comme humain ! Le test consiste en une conversation à l'aveugle d'une personne avec un ordinateur et un autre humain, et si la personne ne peut distinguer qui est l'ordinateur, il passe le test).
L'autre grande inspiration de Shirow est le livre : la Notion de l'esprit de Gilbert Ryle en particulier la nouvelle le fantôme dans la machine qui parle du fait que l'esprit n'est pas dissociable du corps, car du moment que l'on prive un sens à une personne, elle finie par ne plus savoir ce que cela fait, de ce fait, si l'on prive un être humain de tous ces sens, comment pourrait-on être la même personne ?
Gilbert Ryle est donc en opposition à la pensée de René Descartes.
Tout cela peut déjà vous paraître alambiqué, alors il est sans nul doute que GITS est très loin d'être une lecture facile ! Mais elle se laisse appréhender par petites bouchées dues au fait que l'auteur se plaît à nous ensevelir de notes de bas de pages qui rendent souvent la lecture assez indigeste ...
De plus, Shirow a du mal à faire vivre un univers plutôt qu'à l'expliquer et poser des questions à l'exception de GITS 1.5 qui se sépare de Motoko pour laisser la place à Togusa et Batou qui nous ferons vivre des thrillers plus convaincants que les deux premiers tomes par la diminution des notes de bas de pages et le développement des relations entre les membres de la section 9.
Car en effet, les tomes 1 et 2, personnifient assez mal les personnages principaux à l'exception de l'antagoniste grâce à l'explication poussée de son conflit intérieur.
Au niveau du trait, il est globalement nerveux avec nombres de hachures et de traits de mouvement justifié par le côté thriller de l'œuvre.
Cependant, le manga accuse son âge, en effet, bien que Masamune Shirow adopte des faciès assez réaliste, il y a cette patte des mangas de l'époque (comme Riot de Satoshi Shiki par exemple) avec des expressions que l'on pourrait définir de caricaturales dans la sphère manga : les grands yeux lorsque l'on est étonné, la main qui grandit lors de blessure, les personnages déformés à certains moments, il ne manque plus que les personnages qui se retournent au moment d'une blague qui tombe à l'eau et on a la totale ...
Cela pourra rebuter autant que provoquer une légère nostalgie aux adeptes des oeuvres de l'époque.
Par contre, les décors sont absolument somptueux et inspirés comme avec Appleseed, Shirow maîtrise son sujet offrant de ce fait, des buildings oppressants et froids que l'ont pourrait voir d'ici 10 - 20 ans !
Un petit mot sur l'édition, je détiens la toute première édition, la cartonnée, et le manga avec cette édition a ce côté "beau" (car il y a autant de définition du beau que de personnes pour le définir) livre, ce rapprochant du format des BD franco-belge avec une impression impeccable.
Les personnages principaux (Motoko Kusanagi, Togusa, Batou, Aramaki et le Marionnettiste) 6.25/10
Characterisation: 3.25/5
Développement: 3/5
Les personnages secondaires: 5/10
Characterisation: 2.5/5
Développement: 2.5/5
L'intrigue: 18.5/25
L'exposition (la présentation du sujet et du contexte): 5/5
L'introduction: 3.5/5
Le conflit: 3.5/5
Conclusion: 4/5
Rythme: 2.5/5
Le dessin: 14.75/20
La patte graphique: 3.5/5
Le trait: 3/5
Le découpage: 3.75/5
La composition: 4.5/5
Note finale: 6.85/10
Niveau d'appréciation global du manga: 7/10
Personnellement, j'ai préféré le film de Mamoru Oshii qui fut une vraie claque dés le premier visionnage, cette fois-ci, le graphisme est moins léchée, mais j'ai tout de même été admiratif devant sa représentation de sa ville cyberpunk qui m'a poussé avec les questionnements philosophiques (bien qu'encore une fois moins bien exécuté que dans le film qui arrivait à opposer les visions de ses protagonistes pour densifier le fond, d'ailleurs si vous voulez approfondir vos connaissances ou mieux comprendre la philosophie de GITS, je vous conseille les leçons de David Chalmers disponible sur Youtube et l'Homme Machine de Julien Offray de la Mettrie) à continuer ma lecture bien qu'elle fut poussive dû au nombre trop important à mon goût de note de bas de pages.
Je vous conseillerais si vous voulez démarrer la franchise de commencer par les films d'Oshii puis le manga et ensuite la série Stand Alone Complex (qui aura surement le droit à une critique), je vous conseille de voir la série Stand Alone Complex après avoir lu le manga, car la série prend pour acquis tout le vocabulaire de GITS et ne cherchera jamais à l'expliquer préférant se concentrer sur les affaires, ses personnages et les relations entre ses personnages, elle réussi là où Shirow a "échoué".
Pour conclure, GITS a beau être une lecture dense parfois nébuleuse voire même poussive pour les moins fans du style, mais il s'agit sans aucun doute d'un passage obligé pour tous les fans de Cyberpunk !