Le Ghost World de Daniel Clpwes ne présente un intérêt que par rapport à sa date de publication, qui la rend un peu prophétique. Il s’agit en effet d’une BD qui vient narrer le vide et l’ennui de deux adolescents, pas tout à fait à leur place, et globalement très critiques vis à vis de la société, de leurs pairs mais, surtout, profondément méprisants.
Elle reprends donc des éléments qui sont, on ne peut plus classiques aujourd’hui, entre téléréalité, D autocentrées, l’egotrip du rap et le ouin-ouin collectif, accru par une génération connectée. Elle pourrait donc n’avoir aucun intérêt, plagiant même Daria et quelques autres séries. Cependant, ce bouquin a été pondu en 1993, et vient finalement annoncer tout cela, un peu avant tout le monde.
C’est par ailleurs l’occasion de voir que tout le folklore habituel des années 90 (Sonic Youth and co’) était déjà méprisé par les personnages, comme un peu tout le reste.
Malheureusement, si la posture est toujours actuelle, on se demande un peu, malgré les qualités de mise en scène, l’intérêt de lire cette BD aujourd’hui, si ce n'est pour se faire sa propre histoire du genre.