Chiho est une performeuse. À 24 ans elle tourne dans des pornos, subvient aux besoins de sa famille de parasites (moment Million Dollar Baby) ou de son copain qui la cogne aussi ponctuellement parce qu’il a peur de la perdre. Vous avez dit vie de m**de ?
Mais l’héroïne de Gigant va s’en sortir grâce à deux rencontres : l’une lui permet de devenir une super-héroïne, l’autre de trouver l’amour. Célébrité, argent, reconnaissance : tout semble lui sourire mais le monde est en danger. Un site internet réalise les vœux des internautes. Plusieurs plaies frappent alors le Japon. Chiho doit sauver la patrie, nue et au péril de sa vie.
Les ingrédients de Gigant ont déjà pu être observés dans les autres mangas d’Hiroya Oku, qui font l’objet de (trop ?) nombreux clins d’œil. Mais l’auto-citation n’occulte pas le fait que le mangaka mobilise plusieurs traits contemporains pour construire son récit : les réseaux, l’IA, le regard des autres, réussir sa vie, les normes, les bassesses humaines…
Malheureusement le manga est pénalisé par plusieurs défauts à mes yeux. Le premier concerne les origines des menaces qui pèsent sur la Terre, qui lorgnent du côté de Terminator avant de nous embarquer dans du grand n’importe quoi à la fin du tome 9. Le tome 10 et le happy ending ne suffiront pas à la faire oublier, surtout que tout semble se résoudre par un coup de baguette magique.
Qui plus est, si avoir une héroïne « métisse », au physique singulier (ses « obus » qui ne semblent jamais la gêner) et travaillant dans le porno est un point à noter, on ne peut pas dire que ses éléments soient creusés. L’univers du porno semble servir de prétexte au fait que Rei (le personnage qui va vivre une grande histoire d'amour avec Chiho et qui crie et pleure beaucoup) débute Gigant en achetant des DVD de Chiho pour se masturber avant de finir avec elle. J’ai du mal à comprendre le message : pour être avec la personne de tes rêves, même si t’es mineur•e, il vaut mieux vivre pas loin d’elle et avoir un père producteur de cinéma ? Il risque d’y avoir des déçu•e•s.
Je n’ai pas la place d’évoquer d’autres limites alors je conclus : Gigant est une occasion manquée.