Nouveau titre du magazine Harta à arriver en France, Gloutons & Dragons nous entraîne dans une quête multidimensionnelle qui revisite ce lieu haut en couleurs qu’est le donjon. Prêt.e.s pour l’aventure ?
Bien manger c’est le début du bonheur
D’emblée, la jaquette du premier volume nous interpelle : on repère un dragon ainsi qu’un quatuor regroupant différentes classes (guerrier, magicien, cuisinier…) et races (humaine, naine, elfe, halfelone). Les personnages sont arrêtés pour la pause repas ! Élément qui accentue encore le décalage, le guerrier au premier plan est armé d’une poêle et d’une spatule !
Ryoko Kui place ainsi au premier plan (pour le moment) la question de la nourriture – le titre de chaque chapitre renvoyant à une recette. Le manga abrite alors toute une réflexion sur l’acte de manger et fait du donjon autre chose qu’un lieu dangereux et sombre : c’est aussi une formidable source de nourriture. Senshi (le nain) est précieux à cet égard. Il fait découvrir à Laïos (qui veut tout goûter), Marcyle (l’elfe magicienne) et Tylchak (spécialisé dans l’ouverture des serrures et les pièges) différentes recettes, tout en veillant à une alimentation équilibrée.
Les bons petits plats de Senshi ne vont toutefois pas sans susciter quelques résistances. Marcyle se résout de mauvaise grâce et proteste souvent par rapport à ce qui est proposé, même si ses protestations participent à l’humour de la série.
Porte-monstre-trésor
Gloutons & Dragons ne se réduit pas à une juxtaposition de recettes de cuisine, dont la préparation occuperait toute l’intrigue. Á l’instar de Golden Kamui, les plats servent à donner des forces aux personnages pour leur permettre d’atteindre leur mission. Elle consiste ici à venir en aide à la sœur de Laïos, Farynn, avalée par un dragon flamboyant.
Le manga commence ainsi par une défaite pour Laïos et les siens qui doivent alors repartir du début (Farynn les ayant téléportés). Il faut à nouveau pénétrer dans le donjon mais pour ce nouveau séjour, nos héros sont quasiment fauchés et moins nombreux : des six du départ ils ne sont plus que trois. Et ils doivent retrouver le dragon avant qu’il n’ait digéré Farynn sinon il ne sera plus possible de la ressusciter.
Il ne faut donc pas perdre trop de temps dans l’exploration du donjon. Pièce central du récit, porte d’entrée vers une cité enfouie, celui s’explore de haut en bas et comporte son lot de pièges, de raccourcis à trouver, de créatures diverses et variées. La faune et la flore participent pleinement de la constitution d’un véritable univers que l’auteure prend soin de construire chapitre après chapitre.
20 000 lieues sous la terre
Au fil de leur descente dans le donjon nos quatre personnages vont se dévoiler à nos yeux. Chacun trouvera sa place, sera mis en lumière au cours d’un chapitre.
De manière générale, Gloutons & Dragons est irrigué par l’humour et l’ironie. Humour dans les situations, dans les propos des personnages. Ryoko Kui assaisonne ses personnages avec un soin particulier apporté aux visages, cheveux, vêtements, décors. Du travail de précision. Ironie aussi parce que si l’option résurrection existe (c’est même un business assez juteux !) tous les morts ne sont pas ramenés à la vie. De même la série offre un certain recul sur ce qui se joue dans le donjon et développe divers thèmes qui participent à la finesse du titre.
Un titre qui bénéficie d’une belle édition. Le contact avec la jaquette cartonnée rappelle une boîte de jeu ou un grimoire. La traduction réalisée par Sébastien Ludmann est à la fois précise dans la description des recettes tout comme elle rend les décalages de tons et parsème ici et là quelques références.
Du rab !
Maîtrisant les codes propres au jeu de rôle pour les détourner et les mettre au service de son histoire, la série de Ryoko Kui a tout ce qu’il faut pour ne pas tomber dans les oubliettes et maintenir notre intérêt éveillé. Mêlant opération de sauvetage, exploration de donjon et découvertes culinaires, les sept chapitres de ce premier volume satisferont les appétits de tous les lecteurs.
Version 5 plats à retrouver par ici.