C'est un article dans le dernier numéro de Distorsion (celui qui a pour thème le ventre) qui m'a convaincu de lire Chew, même si j'étais déjà tenté par ce concept original de détective cannibale, qui résout les crimes en goûtant les cadavres.
Tony Chu est "cibopathe", et il a le pouvoir d'avoir des visions de la provenance de ce qu'il mange. Sauf pour les betteraves, le seul aliment qu'il peut manger paisiblement.
Ce don du héros est au départ inconnu de ses supérieurs (genre ça n'a jamais posé problème auparavant, qu'il trouve des coupables sans rendre compte de sa démarche ?), jusqu'à ce qu'il soit découvert par un agent de la FDA (food and drugs administration) qui a le même pouvoir et le prend sous son aile.
Ca paraît d’autant plus absurde que Tony vit dans un monde où pleins de gens ont des capacités spéciales en rapport avec la nourriture.
Les trouvailles de l’auteur par rapport à ça sont amusantes, il y a dans le premier tome une "saboscrivner", une femme capable de décrire des plats si bien qu’on a l’impression de les goûter soi-même.
Mais malgré l’originalité du concept et certaines particularités de l’univers dépeint (la consommation de poulet est interdite depuis une grippe aviaire), Chew déploie des situations tellement communes et clichés que c’en est stupéfiant. Le collègue de Tony le déteste, son nouveau boss encore plus, … Le héros tombe amoureux d’une fille et on a cette scène de fantasme où il la conquiert en un instant, juste avant qu’on ne découvre, sans surprise, qu’en réalité il n’arrive pas à lui parler autrement qu’en marmonnant un truc incompréhensible.
Comme si on n’avait pas déjà vu ça des milliers de fois, comment on peut oser encore nous sortir un truc pareil ?
Et il n’y a aucune petite nouveauté qui permettrait de justifier la réutilisation de ces poncifs, aucune plus-value humoristique. Au contraire la façon dont l’écriture exacerbe les comportements rend le classicisme de ces situations encore plus irritant.
Les comportements des personnages sont poussifs, et au service d’un humour qui en plus de manquer d’originalité, est plutôt lourd.
Et en voulant être délirant, le comic se contente de virer immédiatement vers le n’importe quoi complet. Par exemple Tony arrive dans un restaurant asiatique, il se fait attaquer par des yakuzas dont il évite les coups on ne sait comment, et soudain son boss obèse débarque en renfort avec des saïs sortis de nulle part, et latte tout le monde.
Non, ça ne passe pas pour moi, c’est trop facile de faire ça.
C’est encore pire, deux numéros plus loin, quand soudain quelqu’un tombe sur une bombe au moment où elle va exploser et que des prostituées sortent des kalashs pour buter tout le monde.
Je n’aime pas vraiment le style du dessin non plus, je le trouve trop foutraque. Quoique, comme indiqué dans l’article que j’avais lu, ça aide effectivement à apporter de la légèreté à des situations qui pourraient être glauques.
Le premier volume de Chew ne comporte que 5 numéros, mais je me suis arrêté au début du dernier. Ca me gonflait trop, et je savais que de toute façon je n’allais pas lire le tome 2.
Ce qui facilite le fait de s’arrêter en cours de route, c’est aussi que les affaires traitées à chaque numéro n’ont pas de rapport entre elles, même s’il y a quelques intrigues secondaires qui peuvent servir de fil rouge.