Il est assez passionnant de suivre la trajectoire de Larcenet, de l'humour décalé de ses premières œuvres à la noirceur absolue de ce "Blast", qui combine un travail formel remarquable (certaines pages frôlent le sublime) et un scénario au nihilisme beaucoup plus radical que ce à quoi Larcenet nous avait habitué dans ses précédentes œuvres "sérieuses". Ce serait d'ailleurs le seul léger reproche que je ferais à "Blast", que ce goût bien dans l'air du temps pour un récit de haine et de dégoût de soi ("Tu détesteras ton prochain comme toi-même,... ça a certes moins de panache, mais ça a le mérite d'être réalisable"), mais je fais confiance à Larcenet pour éviter la complaisance dans le sordide (le défaut rédhibitoire de son "Chez Francisque") et nous emmener loin, loin, portés par l'onde de choc de son "Blast". [Critique écrite en 2010]