Green Lantern/Green Arrow est une date dans l'histoire des comics, un tournant majeur dans les oeuvres politisées. L'on aura ainsi droit à un road-trip en pleine Amérique centrale sur fond de problèmes de sociétés et de grands drames humains. Ici, l'homme est mis en mal dans son entièreté : physiquement et mentalement, il souffre plus que jamais.
Deux Green unis contre la sauvagerie, qu'elle soit extérieure ou intérieure à leur nation : d'un côté, un Green Lantern libéral. De l'autre, un Green Arrow marxiste, le genre de Robin des bois communiste que Staline n'aurait pas renié. Un conflit des idéaux, donc, mais également un conflit des civilisations. Alors que la Guerre Froide commençait à révéler lequel des deux camps allait gagner, le monde des comics livrait sa propre vision de ce conflit armé.
C'est au final quelque chose de très pertinent, de très honnête et de particulièrement objectif : le danger viendra de tous les côtés, voire même de ces jeunes générations qui se piquent à l'héroïne. Un épisode d'une effroyable vérité que celui-ci, entre le traumatisme d'une vie et l'incertitude de la bonne façon d'agir.
L'oeuvre est très complexe, très fouillée : les thèmes rebattus sont pleinement compris et abordés d'une manière extrêmement convaincante, en plus d'un côté cru dans les propos qui n'est pas sans nous déplaire. Ici, tout le monde prend cher; nul n'est épargné, personne n'en sortira vainqueur. C'est une sorte de mise à mort de sa volonté, d'atteinte à sa gaieté. On change notre vision du monde et de la guerre, des drogues et de ceux qui s'en procurent.
Certes, le niveau ne sera pas toujours le même, et quand bien même la fin décevrait par son manque de gravité, l'on ne pourra oublier les quelques centaines de pages précédentes, qui portaient sur une fable moraliste terriblement maîtrisée. C'est le ton réaliste de ce comic qui marque le plus les esprits, et pousse à la remise en question de nos propres idéaux. Une oeuvre profondément humaniste.