Pas très secret, pas très original, mais vert-ment bien
Quand Geoff Johns reprend le titre Green Lantern au milieu des années 2000, il réalise un grand coup de balai dans les dix dernières années de l'univers du titre, sans pour autant les renier. Hal Jordan, le chevalier d'éméraude, reprend sa place, malgré ses mains pleines de sang, grâce à un petit tour de passe passe qui ne résout pas tout mais qui lui permet de revenir à une certaine période iconique.
C'est donc un retour à un certain âge d'or, mais, pour une fois, pleinement réussi, parce qu'il réinscrit le titre dans son époque, et amorce des pistes qui se dévoileront parfois des années plus tard. On ne peut que saluer le talent de Geoff Johns, qui ne sacrifie pas la continuité et qui arrive à redonner de l'intérêt à l'univers des porteurs de bagues, au point que les séries et les mini-séries se sont depuis multipliées, avec plus ou moins de bonheur, mais l'auteur est toujours là, tel un architecte.
Peu de temps après ce retour en grâce, il a été décidé de raconter les origines de Hal Jordan au sein de la série. Ce qui a son intérêt, que ce soit pour le nouveau venu, ou pour le fan de longue date, Johns se permettant de les rendre plus actuelles, sans pour autant, une fois de plus, trahir le personnage et son univers.
Il s'agit donc de la vie d'Hal Jordan que l'on suit, de son enfance à ses premiers combats. Six épisodes qui ne sont pas de trop, l'auteur réussissant à rendre ses personnages crédibles et attachants malgré leurs défauts (et Hal Jordan n'en manque pas). On découvre l'univers du nouveau gardien d'émeraude, et quelques ennemis sont présentés, raccordés à cette origine. Ce qui avait pris plusieurs années il y a quelques décennies est condensé dans six épisodes, avec quelques facilités, mais l'auteur s'en sort bien.
Il est certes aidé par le trait d'Ivan Reis, assez proche de celui d'Ethan van Sciver, artisan du renouveau de Hal Jordan. Pour les plus anciens d'entre-vous, il rappelle celui de Phil Jimenez, et, tout comme les deux autres dessinateurs cités, son dessin précis et détaillé est parfaitement réussi. C'est un artiste malheureusement assez lent, et donc trop rare dans les comics.
La plupart de ces relectures d'origines sont bien trop souvent fades à lire, à cause d'auteurs qui peinent à rendre intéressantes des histoires qui ne changent guère, et donc déjà lues et relues. Mais Geoff Johns a le mérite de savoir nous entraîner dans son aventure, en dosant dans son intrigue les conflits personnels des Jordan, la découverte de cet univers et en rendant intéressants des ennemis un peu malmenés durant plusieurs ennemis, mais dont l'auteur arrive à leur redonner de l'éclat.
A l'occasion du film Green Lantern, Panini a ressorti cet arc sous forme d'album à un prix modique. Une excellente décision, car non seulement il se suffit à lui-même, mais le curieux qui voudra poursuivre l'aventure rencontrera une porte d'entrée pour l'univers de Green Lantern, tel que Geoff Johns le construit depuis bientôt dix ans.