Circuits empathiques

Ce premier volume de Green Mechanic se signale dès sa jaquette où nous attend un synopsis plutôt copieux ce qui change par rapport aux résumés express. Un écho au contenu du volume où les paroles sont nombreuses ! En route pour une Terre encore habitable mais où il ne fait pas forcément bon vivre...

Un monde formidable...

Green Mechanic nous dépeint un univers... pas vraiment entraînant. La Terre apparaît sous un jour bien triste : l'espérance de vie est courte, il faut trimer pour trouver de quoi vivre (les arbres et les animaux ne sont plus) et l'humanité s'entasse dans la Mégapole si elle ne veut pas vivre dans les marges, terres de désolation et d'ordures. Une dichotomie qui évoque bien des souvenirs (Judge Dredd le film, Ergo Proxy, Gunnm...).

Á cette première division s'en ajoute une deuxième dans la Mégapole. En effet les humains sont attaqués par des Ersatz, monstres immortels. Tous les dix ans une grande rafle a lieu, où ils enlèvent de nombreux humains. Misha, l'héroïne de Green Mechanic a survécu au dernier rapt mais elle y a perdu son meilleur ami, Mickael. Elle voudrait le retrouver.

Mais Misha ne peut pas se prévaloir d'aides, de soutiens. Elle a vécu dans un orphelinat où la majorité la rejetait. Depuis Misha vit seule... jusqu'à ce qu'elle tombe sur un robot. Le contact avec la machine va lui permettre de nouer des liens avec d'autres humains. Et on apprendra que Misha peut lire le cœur des autres. Une empathie sur-développée qu'elle ne maîtrise pas encore parfaitement mais qui pourrait valoir à Misha l'intérêt d'un certain nombre de personnes.

... et une humanité à découvrir

Dans l'univers où gravite Misha les humains ne sont pas absents mais des divisions se repèrent. Entre population civile et la Milice, sorte d'armée chargée de protéger plus ou moins bien la population des Erastz. On compte aussi quelques humains qui tentent de régler les problèmes par eux-mêmes dont le groupe des Renforts. Composé de trois personnes, c'est avec lui que Misha va faire un bout de chemin : elle leur donne un coup de main en échange de leur aide pour retrouver Mickael.

Leur rencontre permet de questionner des évidences : les Ersatz ne sont pas tous des monstres qu'il faut éliminer, certains peuvent être secourus, ont besoin d'aide. Une situation qui possède bien des résonances avec notre réalité... De plus, les Renforts permettent à Misha d'utiliser Reborn pour affronter les Ersatz ! Il prend la forme d'une armure recouvrant Misha. Pas de météores de Pégase à attendre mais une transformation physique et mentale. Une augmentation de l'humain que l'on peut aussi retrouver chez d'autres personnes car les prothèses mécaniques existent. Neil a deux bras greffés mais il n'échangera pas des coups avec Levius ou Edward Elric : ses prothèses le font souffrir et porter des sacs de course représente une épreuve pour lui.

Des doutes

Ce premier volume interpelle aussi par les doutes qui parcourent l'histoire. Doutes au sujet des Ersatz, de la Milice, du devenir de Mickael... qui font écho aux doutes présents chez Misha. Un personnage principal avec des formes (du balai la taille mannequin), dont les hésitations et les doutes créent une proximité avec le lecteur sans tomber dans quelques "clichés" du genre.

Pour le rendu graphique, le manga se caractérise par une constance au fil des pages. Il n'y a pas de fausse note, de profils ratés, etc. L'organisation des planches évolue page après page et nous avons droit à quelques double-pages qui en mettent plein les yeux. On note des jeux autour du noir, blanc, gris... L'exécution est donc à souligner, Ki-oon livrant une édition conforme à ses standards.

Vivre sa vie

Le premier volume de Green Mechanic nous présente une héroïne dont l'évolution ne demande qu'à se poursuivre dans un univers soigneusement décrit et agencé tout en semant, ici et là, des pistes potentielles pour la suite de la série. Alternant les moments de calme et d'action, les dialogues et l'introspection, la série débute sous de bons auspices et on ne peut que souhaiter que cela se poursuive !

Version plus longue et illustrée ici.