J’admets volontiers que j’apprécie le personnage d’Onizuka, mais en dehors de ça, je n’ai pas accroché plus que cela et l’engouement pour ce manga me laisse perplexe.
GTO est censé faire rire. Sauf que c’est un humour répétitif, pas toujours du meilleur goût et qui sur la longueur devient finalement plutôt lourd. Si le côté wtf de certaines situations m’a parfois fait sourire, le plus souvent je suis resté de marbre. Je repense par exemple à ce prof qui se cache dans les égouts en-dessous des toilettes pour filles avec des lunettes de vision nocturne dans l’espoir de surprendre une élève faire caca…effectivement c’est une scène délirante dans le sens où c’est du grand n’importe quoi, mais pour le coup, je trouve pas ça marrant.
Côté scénario, le constat n’est guère meilleur. GTO s’intéresse aux dérives du système éducatif japonais, qui laisse notamment sur le carreau une partie de la jeunesse nippone. On a donc d’un côté les enseignants, censés être les garants de l’éducation et les gardiens de certaines valeurs morales et de l’autre des adolescents incapables, bon à rien et fauteurs de trouble, du moins en apparence. Car au fil des pages, dans un souci de dénoncer les conventions et les clichés, l’auteur va s’efforcer de montrer que l’habit ne fait pas le moine. Le corps enseignant en prend ainsi pour son grade et la plupart des profs, derrière leur petite vie bien rangée s’avère être de bien tristes sires, lâches, égoïstes et bien sûr pervers. Au contraire, le jeune désabusé est lui réhabilité. Il est coupable de bien vilaines choses, mais dans le fond, ce n’est pas vraiment de sa faute et ce n’est pas une mauvaise graine, c’est juste qu’il est perdu. Comment pourrait-t-il en être autrement puisqu’il ne peut même pas compter sur ses profs pour lui donner le bon exemple et lui venir en aide ? Mais heureusement, Onizuka va passer par là et tel le grand frère, avec des méthodes bien à lui c’est-à-dire en deux temps trois mouvements, il va remettre le gamin sur le bon chemin et faire ressortir ce qu’il y a de meilleur en lui.
A partir de là, deux problèmes se posent. Tout d’abord, on se retrouve avec un scénario totalement manichéen avec les profs dans le mauvais rôle. Désolé, les mauvais profs ça existe mais les bons aussi et ils ne sont en aucun cas responsables de tous les malheurs du monde. De même, croire que dans chaque adolescent se cache une belle part d’humanité qui attend juste d’être révélée, c’est bien naïf. J’aurai apprécié plus de subtilités. Deuxième problème, le manga fonctionne toujours sur le même procédé. Les uns après les autres, des adolescents catalogués à problèmes par les méchants profs débarquent. Bien sûr, un peu comme dans un jeu vidéo où chaque boss est plus fort que le précédent, chaque ado fraîchement débarqué est censé être encore plus dur que le précédent. Cette fois-ci, c’est promis, même Onizuka ne le fera pas plier. Ben raté, non seulement il y arrive, mais en plus il devient son meilleur pote. Tout est trop simple et trop facile, là encore j’aurai apprécié plus de subtilités.
Finalement, le principal problème de GTO à mes yeux, c'est peut-être son positionnement. Est-ce un seinen ? Dans ce cas, ce n’est pas un bon seinen dans la mesure où le scénario est inabouti. Il aurait fallu un traitement du sujet plus mâture et réaliste. Est-ce un shônen avec une tentative de scénario, mais dont le but est avant tout d’amuser la galerie par ses blagues potaches et ses situations délirantes ? Peut-être, mais dans ce cas, n’étant pas emballé par ce genre d’humour, mon intérêt pour ce manga ne peut que rester très modéré. Et ce n’est pas le fan service à grand renfort de petites culottes et d’adolescentes à gros seins qui aurait pu y changer quelque chose.