GTO est indéniablement devenu un manga culte dans la sphère manga, et je peux affirmer aujourd'hui que c'est on ne peut plus mérité.
Bon, pour être tout à fait honnête, au début, j'arrivais pas à rentrer dans le truc, j'ai dû lire les 4 premiers tomes, et n'ayant à l’époque pas encore découvert les grandes œuvres du manga telles que Berserk, Black Jack, Ashita no Joe, toussa, je n’étais pas armé des bons outils culturels pour bien aborder l’œuvre pour ce qu'elle était. Du coup quand j'ai commencé le manga, je n'y avait vu qu'une comédie assez plate avec un style graphique déplaisant et un humour certes déjanté mais un peu trop tourné vers les petites culottes et la scatophilie à mon gout... J’étais vraiment qu'un jeune connard !
3 ans ont passé depuis mon premier contact avec GTO, j'ai décidé de m'y remettre il y a peu, j'ai lu les 25 tomes d'un coup, et là... j'ai bien cru que j'allais avoir un orgasme littéraire comme il ne m'en ai arrivé que très rarement. Mais si tu sais, c'est ce genre d’œuvres tellement bien, riches, denses, bien construites, etc., que t'en reste scotché à ton siège d'admiration de bout en bout et est incapable de t’arrêter d'enchainer les chapitres juste histoire de pouvoir immédiatement lire la suite de cette fabuleuse épopée narrée entre les pages de ton livre. Bah GTO a failli être un de ces orgasmes, failli parce qu'il a malheureusement selon moi 2/3 défauts.
Mais commençons d'abord par le commencement : Le scenario. Eikichi Onizuka est un jeune homme de 22 ans ancien voyou biker véritable légende vivante dans le milieu qui s'est rangé, après une expérience amoureuse foirée avec une lycéenne qui s'est en fait avérée être amoureuse de son prof' de 50 balais ('faudra m'expliquer la logique, mais bon, passons), il décide de devenir professeur dans un collège pour devenir le Great Teacher Onizuka (en gros, le meilleurs prof de tout le Japon). Il aura toutefois fort à faire, entre les élevés qui tombent des toits comme des gouttes de pluie, ceux qui sont à moitié psychotés, et les autres profs et l'administration un peu trop pète-sec du collège qui veulent son renvoi, voire même son repos éternel.
Nous avons donc un ancien voyou qui veut devenir prof. Moi quand on m'a sorti ça, j’étais genre "Ouais, et alors ?", parce que je m'attendais juste à un personnage humoristique et violent juste mis là pour enchainer les gags. Et puis j'ai rencontré Eikichi fucking Onizuka !!! C'est juste un excellent personnage ! Bon déjà, il est drôle : c'est un putain de pervers obsédé du cul je-m'en-foutiste qui passe son temps au lieu de faire cours à faire le con devant ses élèves et à se taper des barres en faisant des blagues au autres. Tu ne peux que rire devant ce perso. Sinon Onizuka, c'est un ancien voyou, un ancien élève qui en a connu des belles, dans sa jeunesse, il connait la vie, la vraie, et au fur et à mesure du manga, il "enseigne" à ses élèves cette vie, comment résoudre leurs problèmes, comment assumer leurs erreurs et comment retrouver la confiance envers les adultes. Enfin, enseigner est un euphémisme, vu que ses "cours en extérieur" sont souvent grandiloquents, démesurément stupides, fantaisistes voire même potentiellement mortels pour lui et/ou ses élèves. Et enfin et surtout, il est badassement bad-ass ! 2nd dan de karaté, doté d'une force quasi herculéenne, ultra-endurant et résistant (à un moment il se prend 3 balles dans le bide, et il continue de travailler et sort même quelques vannes !!!), si Onizuka n'a pas été Conan le barbare dans une vie antérieure, je ne comprends plus sa puissance; par contre, si tu le fous en rogne ou t'attaques à ses élèves, là même te suicider ne te sauverai pas de sa vengeance, parce qu'il descendrai les 9 Cercles infernaux à mach 20 sur sa moto, irait titiller l'ami Lulu avant de te défoncer la gueule bien salement tout en se marrant comme une baleine.
Bref, Onizuka est un excellent héros, et sans doute le plus grand prof' de tous les temps !!!
Bon, suffit l’éloge d'Onizuka. A part lui, que vaut le reste du manga ?
Niveau scenario, on a quelque chose d'assez simple : Un élève ou un prof à problèmes = un arc narratif. Cela pourrait paraitre un tantinet redondant si l'auteur ne parvenait pas à renouveler avec brio les situations. Les différents personnages ont tous leur personnalité propre, leurs problèmes et sont très bien travaillés, souvent les persos à problèmes sont des "antagonistes" qui font des coups bas à Onizuka et/ou d'autres élève, mais en général, ils ne le font pas juste parce que "pas gentils", mais bien parce qu'on comprend leurs problèmes, et à chaque fois, il subissent un "cours" d'Onizuka qui va les aider à retourner dans le droit chemin, souvent par des procédés pas très catholiques. Parce que c'est ça la vie, les enfants, le monde c'est pas juste blanc et noir, les gens ne deviennent pas méchants par pure méchanceté mais parce qu'ils ont (du moins de leur point de vue) de bonnes raisons de le faire, et n'importe qui peut se transformer en ce genre de méchants, pas toujours volontairement, mais ce que l'on considère parfois comme quelque chose de bien peut s'averer le mal pour autrui, et inversement. Oui, GTO fait dans la leçon de vie, et si l'on peut reprocher à certains shonens actuels de faire dans le manichéisme bas de gamme et de vouloir nous imposer une ligne de conduite genre "les amis c'est bien, y faut toujours avoir des amis près de soi", ce manga lui, arrive à soutenir son propos avec une grande habilité et même une certaine sagesse sans tomber dans la leçon de morale à la con.
Niveau humour, c'est aussi plutôt bon. Je ne suis pas fan de blagues à coup de sous-vêtements féminins ou de pets, je les trouve même vulgaires, mais il faut avouer que le reste des gags est assez poilant, que ce soit les gaffes ou les idioties d'Onizuka, les coups de colere des autres personnages ou les situations complètement dejantées, l'humour est aux petits oignons et sait en plus se dissiper pour laisser sa place au drame lors de certaines scenes, tout en sachant en plus parfaitement se renouveller.
Bon, concernant les defauts, je citerais que par moments, le manga en fait peut-etre des caisses concernant les difficultés des personnages, et leur rehabilitation après une petite introspection est parfois un peu trop rapide. Par exemple, il y a un perso qui est devenu mechant juste parce que dans sa jeunesse, il a pensé qu'il n'avait pas été secouru d'un incendie par un autre perso (alors que si, en fait), ce qui l'a rendu mechant; et même qu'après avoir été sauvé in-extremis d'un nouvel incendie par Onizuka, il redevient gentil... Honnetement, j'y crois pas trop.
Autre defaut que je citerais, c'est le style de dessin. Alors oui, c'est beau et très bien foutu, mais je n'accroche personnelement pas au style, surtout les tetes deformées des personnages que je trouve hideuses.
Enfin bref, mis à part ces quelques petits egarements, GTO reste un excellent manga et une très belle leçon de vie pour la jeunesse.
A lire absolument !