Grant Morrison est enfin arrivé chez Image. C’est la première fois que le célèbre scénariste écossais va chez cette maison d’édition. D’habitude, ses petits projets annexes se font dans la gamme Vertigo chez DC. Le pourquoi du comment est un long débat qui ne sera pas entamé dans cette chronique.
Morrison lance une nouvelle mini qui cherche du côté du polar bien sombre et glauque. J’ai parfois eu la sensation de retrouver Warren Ellis plutôt que Grant Morrison. L’intrigue est assez simple en elle-même et c’est très abordable pour ce scénariste aux histoires souvent très complexes. J’admets que certains pourront être déçu, ce n’est pas mon cas. Je trouve Happy très efficace et surtout dans la suite directe de Joe The Barbarian qui voyait l’arrivée d’un être réel aller dans un univers imaginaire. Avec Happy, Grant Morrison fait l’inverse amenant un être qui n’existe pas vraiment sur terre. Le décalage est assez fun au final et rend une sorte d’hommage au= buddy movie avec le bon et le mauvais flic. C’est drôle et intelligent et j’aime beaucoup ce travail sur l’imaginaire. Happy est une référence à plein de personnages comme Jiminy Cricket ou le lapin blanc qui conduit Alice au pays des merveilles, voir même Batmite (utilisé par Morrison lors de son run sur Batman) et au Batard Jaune de Sin City(plus par la couleur). A côté de ça, le scénariste montre de la violence bien crade et le langage fait que ce n’est clairement pas fait pour les enfants même s’il y a un cheval bleu qui vole et qui est tout mignon. Du côté de l’univers, ça fait penser à Sin City car on retrouve plusieurs éléments de l’oeuvre de Miller.
Bien qu’il n’y ait que quatre épisode, celui que l’on peut considérer comme le maître de la compression, arrive à mettre tout ce qu’il faut où il le faut. Les personnages sont bien travaillés à travers les dialogues et les scènes de flashback. Il y a ce qu’il faut d’action mais pas trop non plus pour ne pas allonger la sauce. Le rythme est comme toujours hyper-maîtrisé. Bref, un régal de ce point de vue et les quatre épisodes se dévorent.
Au dessin, c’est l’immense Darrick Robertson qui officie. Il faut dire que si on veut une ambiance bien malsaine avec des personnages qui ont des gueules, il faut faire appel à lui. Depuis la fin de son run sur The Boys, je n’avais pas vu des travaux du dessinateur et je trouve qu’il m’a semblé meilleur. Le fait de ne plus travailler sur une mensuel lui a permis d’améliorer son trait et de prendre plus de temps. L’encrage est aussi moins gras et plus clair comme si il y avait moins de défauts à cacher. Les planches sont sublimes et les personnages hyper expressifs, mention spéciale à Happy.
Je ne sais pas si c’est une idée de Momo (oui, on est intime !) ou de Robertson ou bien mes yeux qui font des leurs mais il m’a semblé voir un travail sur la couleur très fin. Les scènes avec Happy semblent plus claire comme si son optimisme permanent et sa façon de voir les choses rendaient le tout plus beau. Les couleurs sont plus brillantes et plaisantes mais en revanche, quand on regarde du point de vue de Nick, ça devient plus sombre, plus malsain et angoissant.
Mon avis : J’ai vraiment aimé cette petite mini rapide et très accessible qui utilise de nombreux thèmes du scénariste comme l’imaginaire, la drogue, la violence, l’optimisme, la liberté et le futur radieux par l’imagination et le triste monde réel. On pourrait même dire que chez Morrison l’imaginaire est nécessaire a une bonne vie. Le tout est dessiné avec talent par Darrick Robertson. Les fans du scénariste pourront cependant être déçus car ce n’est pas son meilleur travail même si ça reste plus que largement au dessus de la production actuelle.