Bon ! Tom King, ce n’est pas vraiment ma tasse de thé. Enfin, pour être tout à fait honnête, c’est son travail sur Batman Rebirth qui m’est insupportable. Tellement long, tellement convenu, et surtout se voulant tellement bien-pensant. C’est un Batman plus mature, plus sombre, un Batman que l’on va travailler psychologiquement, un Batman que l’on veut briser, mais bon après plus d’une dizaine de tomes, personnellement j’ai l’impression que l’on a fait que radoter, sans avancer d’un iota. Pour moi ce n’est pas du Batman, c’est juste une énorme séance de psy. Ce n’est pas pour autant que j’ai décidé de blacklister tout ce que le scénariste fait, a fait, ou fera d’autre. C’est ainsi que je me suis retrouvé avec Heroes in Crisis. Les Crisis, chez DC, je suis totalement fan, mais en voyant la taille du bouquin, j’ai quelques doutes, mais j’y plonge sans a priori.
Au cours de leurs nombreux combats, il n’est pas rare que des événements catastrophiques surviennent dans le vie des plus grands super-héros. Ceux-ci peuvent avoir alors besoin d’une période de convalescence afin de se reconstruire autant physiquement que psychologiquement et le Sanctuaire, un endroit secret où ils peuvent se réfugier, symbolise ce havre de paix pour des héros traumatisés. Mais ce secret se retrouve exposé au grand jour après qu’une violente tuerie s’y produit.
Heroes in Crisis présente une enquête au cœur même de la communauté des super-héros. Tom King (Mister Miracle) et ses dessinateurs fétiches, dont Clay Mann (Batman Rebirth), Mitch Gerads (Sheriff of Babylon) et Lee Weeks (Batman – A la Vie, A la Mort), auscultent les troubles et les doutes des membres de la Ligue de Justice, perturbés par les aventures qu’ils ont menées. Une réflexion qui englobe le genre même du super-héros et dont aucun ds protagonistes ne va sortir indemne.
(Contient les épisodes #1 à 9)
Je vais commencer par les dessins. On retrouve ici, une grande partie de la garde rapprochée de Tom King qui l’accompagne sur Batman Rebirth. Clay Mann, Mitch Gerads ou encore Lee Weeks. On retrouve également Travis Moore, et Jorge Fornés. C’est déjà un bon point, on n’a pas Mikel Janin. Oui, troll facile !
Il faut bien reconnaître que graphiquement il n’y a rien à redire. C’est un sans faute. C’est beau de la première page à la dernière page. Une belle claque visuelle, on peut reconnaître au moins cela à Tom King, il sait s’entourer de dessinateurs. Clay Mann c’est intense au niveau des émotions, Lee Weeks une richesse de détails, et j’en passe. On plonge littéralement dans l’intrigue grâce aux dessins. Il y a une véritable intensité dramatique graphique dans ces deux cents quarante pages ! On ne peut pas enlever cela à ce tome.
Pour le scénario, depuis quelques temps déjà, on entend parler du Sanctuaire ! Pas celui en Grèce, gardé par douze Chevaliers d’Or. Non, il s’agit d’un endroit secret, créé par la Trinité, où les super-héros blessés, tant physiquement que psychiquement, se rendent pour se soigner, se ressourcer, pour remonter la pente tout simplement.
On retrouve des héros de tous les niveaux. Aussi bien connus, que m’étant quasiment inconnus. Blue Jay, Commander Steel, Gunfire, le Tatoué, Gnarrk, Red Devil, Solstice, Poison Ivy, Booster Gold ou encore Flash, Wally West !
Bon, je le dis tout de suite, l’idée de ce Sanctuaire, j’adore ! C’est une excellente idée, je suis totalement fan de voir nos héros, nos super-héros, avec leurs faiblesses, leurs doutes. J’aime les voir humains et fragiles. C’est clairement ce qu’il se passe dans ce Sanctuaire, surtout lors de ces cases d’entretiens, lorsqu’ils sont seuls face à ce mixe de programme/psychologue qui les aide à parler, à se livrer. Ils se laissent aller, ils parlent, se livrent, baissent les barrières, les filtres.
Malheureusement, alors que nous découvrons enfin ce Sanctuaire, nous débarquons alors qu’un massacre, un horrible massacre vient d’avoir lieu ! Tous les super-héros en « cure », en « soins » au Sanctuaire sont retrouvés morts ! Ils ont tous été froidement assassinés ! Et l’on retrouve de grands noms, des super-héros de premier plan parmi les victimes.
C’est avec horreur que Superman, Batman et Wonder Woman se rendent sur les lieux. Le Sanctuaire devait être un havre de paix, un endroit pour eux, rien que pour eux, un endroit où ils n’auraient pas risquer leur vie, où ils n’auraient pas à porter le poids du monde sur leurs épaules. Et c’est au cœur de ce Sanctuaire que de nombreux d’entre eux ont été tué.
Le pire, c’est que les deux suspects, sont les deux survivants en fuite, Booster Gold et Harley Quinn ! L’un est persuadé que l’autre est coupable et inversement. Ils se livrent, d’ailleurs, un sacré combat en plein cœur de la campagne américaine, sûrs qu’ils sont que l’autre est coupable. Ils savent parfaitement ce qu’ils ont vu ! Mais… Mais ont-ils réussi d’y croire ?
A travers de nombreux témoignages, des nombreux super-héros qui sont passés se ressourcer au Sanctuaire, Tom King nous montre l’intérêt d’un tel endroit, le bien que cela peut faire. Mais nous assistons aussi à l’enquête sur ce qu’il s’est passé au Sanctuaire, nous allons alors être embarqué dans une succession de rebondissements qui va nous conduire à une révélation choquante, glaçante, totalement inattendue mais pourtant, pas totalement imprévisible.
Soyons franc tout de suite, il ne s’agit pas d’une Crisis, d’une crise, il y a tromperie sur le nom de cette intrigue, sans pour autant en retirer les qualités.
Bref, une intrigue un peu longue par moment, surtout après un départ aussi tonitruant, aussi violent, mais qui se reprend pour se terminer par un rebondissement qui risque de laisser des traces. Je retrouve beaucoup de ce que je n’aime pas chez Tom King, des longueurs, le besoin de tout expliquer, de tout narrer, d’en faire des tonnes et des tonnes, mais néanmoins, j’ai passé un bon moment de lecture, une intrigue prenante, une enquête que l’on veut résoudre.