Esther est une jeune fille comme tant d'autres. Elle a 9 ans, est parisienne, va dans une école privée et a des amis assez normaux. Elle ne parle guère aux garçons, trop bêtes pour elle. Son grand-frère de 14 ans lui apparaît comme débile. Sa mère est gentille et son père est son idole, incarnant à la fois la force et la tendresse. Elle adore Kendji Girac et Tal.
Esther n'a pas grand-chose d'exceptionnelle, sinon que Riad Sattouf la connaît et va s'intéresser à sa vie, la vie de cette petite fille pendant son année de CM1. Riad Sattouf va alors arriver, avec perspicacité, à montrer que derrière le quotidien de cette jeune Esther, on a une absence totale d'innocence chez l'enfance.


Le but de Sattouf est de montrer derrière le quotidien, banal, d'une jeune fille banale. Esther a beau être une petite fille assez intelligente, ce n'est pas tant son quotidien qui doit intéresser le lecteur que la mise en scène que propose Sattouf. Nul doute qu'il n'a pas choisi tout ce que lui racontait Esther, mais qu'il a cherché à montrer les absurdité de notre société d'adultes sur ce monde d'enfant.
La violence des garçons envers les jeunes filles, l'homophobie, le racisme, l'exclusion, une compréhension patriarcale de la société. Tout y passe pour que le lecteur perçoive combien cette petite fille, toute gentille, peut parfois être d'une dureté sans nom.
Riad Sattouf nous fait réfléchir sur l'innocence de l'enfance. Il nous fait réfléchir sur notre monde. Et pour autant, il se permet de faire une BD amusante et intéressante sur des enfants.


Graphiquement on notera l'usage d'un style iconique visant plus à faire comprendre qu'à détailler ce que le lecteur voit. On entre plus dans la tête de Riad Sattouf qui entend parler Esther que dans la tête d'Esther même. Cela n'est pas nécessairement un mal tant Sattouf arrive à inclure Esther et ses amis dans un univers très réaliste.
Le graphisme rejoint le scénario : Esther perçoit son monde à sa façon et nous l'explique mais nous comprenons bien le décalage avec le monde réel dans lequel elle est sans le percevoir.


Cette BD est incroyable, il faut le dire : elle réussit à être drôle, dynamique et en même temps offre un message très profond et réfléchi. Riad Sattouf réalise une œuvre qui n'est absolument pas manichéenne. Une œuvre qui fait réfléchir, qui montre la cruauté des enfants mais aussi le manichéisme de leur monde.
Une telle richesse est assez rare, il faut le dire et elle s'apprécie d'autant plus.

mavhoc
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le 16 août 2016

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