S’il fallait faire comprendre à quelqu’un venant d’une autre planète ce qu’est la jeunesse française, il faudrait sans aucun doute lui parler de Riad Sattouf.
Le Monsieur est devenu une référence en la matière: qu’il parle de sa vie, de retour au collège, ou de beaux gosses au cinéma, il fait toujours preuve de justesse.
Ici c’est en BD qu’il dessine un joli portrait. Même s’il se défend d’avoir inventé quoi que ce soit puisque les cahier d’esther sont la transcription dessinée des récits d’une vraie petite Esther, on sait la sensibilité de Sattouf qu’on sent derrière l’oeuvre.
En effet il faut savoir la trouver cette petite, la faire parler, et en extraire des images qui sonnent juste.
C’est là tout le talent de Sattouf: il a su rester un enfant, ou du moins se mettre à leur hauteur et venir rappeler aux grandes personnes que nous sommes ce qui se trame dans des petites têtes pleines de promesses.
Quand on a perdu depuis longtemps des liens avec les cours d’école, on retrouve avec plaisir les grands drames qui s’y jouent, on prend conscience que beaucoup de choses ont changé avec le temps, les nouvelles technologies, le contexte politique….
C’est pour ce genre de détails qu’on apprécie d’avoir un regard actuel, et même si on se doute que la petite Esther ne raconte que ce qu’elle veut bien, et surtout si on sait qu’un point de vue ne fait pas une généralité, il n’empêche que c’est un témoignage de l’actualité.
Par exemple quand la petite explique qu’elle a trouvé ça pénible de faire une minute de silence pour Charli hebdo, ce n’est pas de l'irrespect, c’est surtout parce que ça ne rentre pas dans son microcosme, parce qu’elle reste à son niveau d'innocence..
Les cahiers d’Esther sont rafraîchissants même si on flirte avec la lassitude quand les histoires de cour de récré commencent à tourner en rond, on se demande si la suite va pouvoir continuer à nous intéresser.