J'ai une relation ambiguë avec l'œuvre de Riad Sattouf. Il y a une vingtaine d'années, lors de sa sortie, j'avais apprécié La vie secrète des jeunes, puis je me suis vite lassé des ouvrages suivants, pour ensuite abandonner après le premier tome de L'Arabe du Futur. Les critiques étant toujours élogieuses, j'ai plusieurs fois retenté de lire ses BD, et à chaque fois la même sensation s'est imposée à moi. Après avoir entendu une critique de Lucile Commeaux sur le dernier Les cahiers d'Esther, j'ai lu le premier tome. Et comme d'habitude, à la lecture, des sentiments mêlés se sont imposés à moi.
Je ne peux qu'apprécier le talent de caricature de Sattouf, cette habilité qu'il a pour mettre le doigt sur les petites choses fonctionne et fait irrémédiablement rire. Mais ce rire est toujours au dépend des personnes croquées. C'est, à mon sens, toujours un rire un peu ringard, prenant de haut ceux et celles qui n'ont pas les références culturelles classiques. On rit, finalement, parce qu'on se sent supérieur, plus légitime, car nous lisons Riad Sattouf, nous, au lieu de regarder TPMP. Et quand j'ai compris que les planches étaient prépubliées dans l'Obs, je me suis dit que tout ceci était logique.
Une fois de plus, un album de Riad Sattouf a finalement été une petite déception, et toujours pour la même raison. L'auteur écrit la même bande dessinée, encore et encore, en réussissant à faire des pas de côté suivant l'âge du héros ou de l'héroïne et son milieu social. Et là où il réussit à croquer efficacement des bribes de vies, le ton reste toujours, pour moi, décevant.
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