La petite Esther devient soudain plus attachante: est ce parce qu’on a l’impression de mieux la connaître? Parce qu’elle grandit un peu? Parce qu’elle a compris l’impact de ce qu’elle était en train de faire en racontant ses histoires à cet ami dessinateur? Ou parce que Sattouf considère qu’il a posé son personnage et peut se permettre d’aller un peu plus loin?
Toujours est-il qu’on se sent encore mieux dans ce tome que dans le premier, et puis il faut dire aussi qu’il couvre la période des attentats du 13 novembre 2015, et rien que ces pages suffisent à rendre le témoignage plus poignant, plus important.
Voir comment la petite Esther a vécu ces instants, faire le parallèle avec sa perception de Charlie Hebdo un an auparavant nous ramène à la réalité: non seulement ça nous renvoie à notre propre vécu mais aussi ça nous fait prendre conscience que la jeunesse d’Esther n’aura décidément rien de commun avec la nôtre.
L’enfant est beaucoup plus touchée et concernée qu’elle ne l’a été pour Charlie, et rien que pour ça on a envie de la rencontrer et de la prendre dans nos bras.
Parce qu’on a conscience de la portée de cet évènement, on sait que ce qu’Esther est en train de raconter de sa fenêtre, c’est la grande histoire qui sera racontée dans les livres plus tard, et ça teinte la bd d’une couleur supplémentaire: l’Histoire se mêle au témoignage d’une jeunesse.
Esther devient de plus en plus intrigante, et on rêverait de la croiser dans la vraie vie et d’apprendre par hasard que c’est elle l’héroïne de ces cahiers. D’un autre côté on ne voudrait surtout pas rencontrer la vraie Esther, histoire de toujours l’imaginer sous les traits dessinés par Riad Sattouf.
On aime savoir que cette jeune fille existe quelque part et continue à vivre une vie ordinaire, ou presque.