Moira MacTaggert est une mutante. A partir de là, soit vous ne savez pas de qui il s'agit et vous vous en foutez, soit vous connaissez l'univers X-Men suffisamment bien pour vous demander ce qui a bien pu passer par la tête du scénariste Jonathan Hickman. Pour ma part, cela m'a mis en rage, dans la mesure où ce genre de "révélation" est impossible sans remettre en cause tout ce que la série X-Men a raconté depuis 45 ans. Et cette mini-série va bien plus loin, laissant supposer que tout ce que nous avons pu lire depuis 1975 était en réalité une comédie mise en place pour tromper le monde (donc le lectorat) et aboutir à ce moment précis.
Ai-je besoin de souligner à quel point c'est débile et grossier ? A quel point il est peu probable que Chris Claremont ait imaginé ça quand il a créé le personnage en reprenant la série ? L'éditeur veut redynamiser la franchise en donnant un gros coup de pied dans la fourmilière, et pour se faire, la seule solution est un bon gros retcon des familles. C'est franchement malhonnête. Et cela passe par faire de Moira une mutante.
House of X / Powers of X est donc la dernière idée complètement folle de Marvel Comics, la nouvelle mini-série censée changer le monde et ainsi de suite, un peu comme House of M en son temps. Effectivement, il se passe beaucoup de choses, et nous y voyons peu les personnages emblématiques. Le propos est avant tout de changer la donne, et de nous expliquer comment, au moyen de plusieurs récits parallèles. Dont certains se déroulent dans le futur, ce qui m'a dans un premier temps aussi énervé - dans la mesure où ils viennent s'ajouter à la longue liste de futurs apocalyptiques de la Terre 616 - avant que le scénariste ne révèle son truc.
La mini-série n'est pas désagréable à lire en l'état, même si en l'occurrence, elle vient encore parachever le travail de déconstruction initié par Grant Morrison au début des années 2000. X-Men ne sera plus jamais une série simple, de héros ostracisés luttant pour sauver un monde qui les craint. Pour cela, il faut lire Ultimate X-Men, une des meilleures choses imaginées autour des X-Men depuis cette époque, et consistant essentiellement en une modernisation des écrits de Chris Claremont. Mais pas la série régulière.
House of X / Powers of X fût agréable à lire, un récit alambiqué autour des mutants, des futurs possibles, de la coexistence avec les humains, et des rêves respectifs du Professeur X et de Magneto. Dans le fond, c'est intéressant, même si j'apprécie guère qu'il a fallu sacrifier un personnage récurrent au passage.
Mais en même temps, je ne peux pas voir cette mini-série comme appartenant à la trame de X-Men. Les héros d'hier sont devenus des fanatiques, les ennemis de précieux alliés contre l'humanité. Ils jouent avec la vie et la mort comme si tout cela n'avait plus aucune conséquence. Comme dit, c'est intéressant, les idées ne manquent pas de charme. Mais en même temps, c'est plutôt malsain.
Cet univers ne semble survivre qu'en partant dans des concepts toujours plus extrêmes, en radicalisant ses protagonistes toujours un peu plus. A un moment, il faudra que cela s'arrête.
Pour finir, je tiens à citer Moira MacTaggert à propos des mutants et du rêve de Charles Xavier : "We always lose". Oui, c'est pour cela que j'ai fini par me détourner de cette franchise, du moins dans sa trame principale.