Dans un futur indéterminé, la Terre fait face à une nouvelle et puissante ère glaciaire. Les hommes se sont adaptés à ce nouvel environnement et ont orienté leur production en vue de leur survie. L’action que nous suivrons débute à Tarpa, un gigantesque complexe minier isolé au cœur du Pôle Nord.
Vieillissante, la station tombe en ruine, les accidents s’y multiplient et le personnel fatigue à l’approche de la saison des neiges qui signe, pour certains d’entre eux, le retour à Abyss, la confortable capitale. Takeru, jeune employé querelleur, fils du PDG de la société exploitant Tarpa, se voit rapidement confier des responsabilités qu’il ne cesse pourtant de fuir. Débute alors un classique récit d’initiation au cœur de paysages glacés et désolés.
Le monde ainsi posé, plaçant l’humanité face à un désastre climatique de type glaciaire, rappelle au lecteur occidental des références de la même époque, comme Le Transperceneige en bande dessinée ou bien La Compagnie des Glaces côté saga romanesque.
C’est qu’un bandeau sur le volume de Ice Age Chronicle of the Earth nous annonce une influence Métal Hurlant dans ce récit. Et en effet, Jirô Taniguchi évoque bien dans la préface une conception "julevernienne" de son approche du récit d’anticipation et explique qu’elle constituait pour lui "la Voie Royale" de la bande dessinée. D’autant que l’illustration de couverture rappelle en effet certaines de Métal Hurlant et de Moebius, filiation que Taniguchi a toujours revendiquée, de même que celles de Christin & Mézières.
Posant une ambiance et une intrigue rapidement oppressante et angoissante, le climat donnant de nouveaux signes de durcissement, l’histoire se construit autour d’un classique récit initiatique ancré sur un jeune homme apprenant à devenir adulte et à prendre ses responsabilité. Une dimension mystique, légendaire, s’adjoint au postulat de base : le héros se découvre le potentiel élu messianique d’une prophétie faisant de lui le sauveur de l’humanité. Rien de follement original à ce niveau, sinon que tout fait déjà preuve de maîtrise dans la narration, la montée de la tension dramatique et la révélation d’éléments d’intrigue.
Le dessin, beau, précis et dynamique immerge immédiatement le lecteur et l’on est rapidement pris par l’aventure qui se déploie au fil des pages. Demeure une crainte cependant, et pas des moindre : le manga est présenté comme un diptyque et deux volumes cela semble bien maigre non seulement pour explorer réellement le monde posé par Jirô Taniguchi mais aussi pour mener à son terme une histoire dont ce premier volume paraît n’avoir constitué qu’un prologue.
Chronique plus détaillée et illustrée sur actuabd.com:
http://www.actuabd.com/Ice-Age-Chronicle-of-the-Earth