Bon y a déjà 36 000 critiques de cette oeuvre sur SC, donc je ne sais pas si la mienne va vraiment apporter quelque chose, mais allons-y :
Je me suis enfin décidé à acheter et lire Il Faut Flinguer Ramirez, une BD qui a reçu beaucoup de bonnes critiques et qui par son côté comics/série B/esthétique 80's avec en plus un dessin plutôt cartoony et énergique, avait quand même de grandes chances d'être ma tasse de thé.
Donc on est dans un gros cocktail d'influences, très chouette au demeurant : j'y ai senti du Label 619, du Tarantino, du Rodriguez, évidemment l'influence de tous les films d'action et autres séries B des années 80/début 90's, avec un dessin qui évoque l'école des comics italienne, souvent très portée sur le dynamisme, et des auteurs comme Matteo Scalera, ou Frederico Vicentini (même si y a plus de chances que ce soit Pétrimaux qui ait influencé Vicentini que l'inverse), et dans les couleurs on est très proche de la relecture esthétique des 80's par le courant musical de la synthwave.
Graphiquement, la BD est vraiment top. La mise en couleurs est très numérique mais le choix des ambiances colorées est vraiment sublime. Je me suis vraiment régalé à ce niveau là avec plusieurs scènes qui ont des ambiances magnifiques et des doubles pages souvent de toute beauté.
D'ailleurs, en parlant de doubles pages, c'est à noter que la fabrication du livre est vraiment bien foutue parce qu'elles sont toutes lisibles parfaitement, avec la reliure qui est toujours parfaitement plate. On a pas le problème habituel de la courbure de la reliure qui bouffe le milieu de la double page, donc c'est assez merveilleux. C'est vraiment bien joué et les éditeurs de comics devraient s'en inspirer.
Revenons à la partie graphique, où il faut bien dire que le dessin de Pétrimaux est vraiment top : c'est un style semi-réaliste assez cartoony très dynamique et hyper maîtrisé, Il ne lésine pas en petits détails, et n'hésite pas à proposer des angles de vue assez cinématographiques. En plus, il aime donner des vraies gueules à ses personnages masculins, avec des pifs pas possibles, ce qui leur donne pas mal de charisme. C'est dommage qu'il soit beaucoup plus calme à ce niveau sur les persos féminins, avec les deux protagonistes féminines les plus importantes qui sont carrément des pin-ups. Après ça correspond aux codes du cinéma de série B... Mais bon, vu qu'on a un anti-héros qui sort des clous, et qu'il n'y a pas un seul vrai beau gosse dans l'album, on aurait pu s'attendre à plus d'originalité sur le design des persos féminins.
Mais pour revenir à du positif sur la partie artistique : les scènes d'action sont vraiment excellentes, hyper dynamiques, elles ont vraiment de l'impact. En particulier la scène de poursuite automobile en fin d'album qui est vraiment géniale, absolument folle graphiquement et qui est clairement une des meilleures scènes du genre qu'on ait vu en BD (au moins depuis le Dead Body Road de Scalera qui était excellent à ce niveau). C'est époustouflant et clairement un superbe climax pour l'album.
Côté scénar', on est dans quelque chose de très série B, qui ne se prend jamais vraiment au sérieux. Y a de très bonnes idées, comme cet anti-héros muet et mystérieux, dont on passe l'album à se demander si c'est véritablement un assassin d'exception ou juste un employé lambda habile de ses doigts, et l'auteur maîtrise aussi plutôt pas mal la structure de son scénar' avec les multiples fils rouges qui finissent par se recouper intelligemment en cours d'album. Les personnages sont bien campés, et on a régulièrement des chouettes dialogues, qui ne lésinent pas sur l'humour.
D'ailleurs c'est à ce niveau là où l'auteur en fait peut-être parfois un peu trop. Il a un côté très nonchalant dans son écriture, et certains dialogues sonnent un peu trop légers (en particulier sur les deux fugitives, où je trouve qu'elles manquent souvent de naturel), et surtout sur toutes les fausses pubs/faux articles où ça brise constamment le 4e mur. Ca donne du coup ce cocktail étonnant, où visuellement la pub nous immerge dans l'univers de la BD et le texte nous en sort constamment de manière pas du tout subtile. Mais bon pourquoi pas, ça reprend aussi un aspect de certaines séries B, où l'ambiance, le style, est plus importante que la substance. En fait je pense que je suis un peu trop habitué aux récits du genre qui ont tendance à se prendre un peu sérieux, alors qu'ici Petrimaux est parfois plutôt à deux doigts de la parodie. Ca m'a parfois un peu décontenancé, mais en soit ça participe au final à l'ambiance fun et légère de l'album.
En tout cas l'histoire est sympa à suivre, avec pas mal de mystères et de tensions qui donnent envie de savoir sur quoi tout ça va aboutir. Je m'attendais à plus de conclusion sur ce tome 1, mais en fait c'est vraiment une histoire à suivre, et ça s'arrête un peu n'importe comment, même si la révélation finale est bien jouée.
Bref c'est une petite BD très fun, amusante, plutôt bien construite, avec un protagoniste principal intriguant et attachant, et surtout vraiment superbe graphiquement. Nicolas Pétrimaux se révèle clairement comme un auteur à surveiller et je suis curieux de voir ce que donne le tome 2.