Mauvais, tout simplement...
Je dois bien avouer que j’aime bien ce que les New52 ont fait à Selina. Le personnage est attachant, plaisant à suivre. Même si les dessinateurs ont une légère tendance à partir dans la sexualisation à outrance de l’héroïne. Et même si pour le moment, nous n’avons pas vraiment eu le droit à un tome où la belle héroïne a pu suivre ses aventures sans avoir à jongler avec les événements, d’autres séries parasites autour d’elle.
Car un peu à l’instar de Nightwing, Catwoman avance un peu au bon vouloir de Batman. Et très souvent, les aventures de la voleuse féline passent clairement au second plan derrière ce que Snyder peut écrire pour Batman, et donc les séries gravitant autour dans le même univers.
Pas une minute de répit pour Selina Kyle, la cambrioleuse la plus célèbre de Gotham, qui, sous son costume de Catwoman, doit non seulement affronter le Joker mais également organiser le vol d’un diamant aux pouvoirs insoupçonnés.
(Catwoman #13-18, Young Romance)
Notons que Judd Winick n’est plus à l’écriture, c’est Ann Nocenti qui le remplace. Que l’on avait déjà pu voir sur l’épisode #0 du précédent tome. Et j’espérais avec ce changement de scénariste, que notre Catwoman allait voir son histoire, ses intrigues prend le dessus sur le reste, c’était sans compter sur Death of the Family ou bien encore Requiem. Grosse déception donc, car sur les six épisodes composant ce tome, quatre sont rattachés à ce qu’il se passe dans la série Batman de Scott Snyder…
Nous commençons donc avec deux épisodes liés au retour du Joker dans la série Batman (Death of the Family) que nous avions déjà du subir dans Batman Saga à l’époque du crossover. Comme à chaque fois où le clown est apparu dans les autres séries du batverse, nous avons le droit à un tête-à-tête sans saveur, avec des répliques qui raclent le fond du mauvais goût et du cliché. Et que dire des dessins qui ont la tendance à déshabiller Catwoman, à déchirer ses vêtements, de sorte à nous la présenter plus souvent à moitié à poil qu’autre chose…
Et c’est dommage car les dessins de Rafa Sandoval sont plutôt très agréables à regarder, dans un style cartoony à la Amanda Conner mais qui ne collent pas à la série qui prend une tournure beaucoup plus sombre. Sa Catwoman est très sensuelle, très féline, quand elle n’est pas à moitié nue et malgré sa poitrine opulente et pas toujours bien anatomique. Malheureusement, tous les personnages n’ont pas le droit à ce traitement de faveur. Les cases sont assez jolies, les décors collant bien à cette ambiance qui se veut plus noir. L’action est bien vivante, bien en mouvement, même si encore une fois, l’anatomie de Selina quand elle est en pleine action ne correspond pas à grand-chose. De magnifiques pleines pages et doubles pages.
Les deux épisodes finaux, eux, sont en lien direct avec Requiem et le deuil de Batman suite à la mort de Damian Wayne. Et si à l’inverse de Death of the Family, les tie-in de Requiem étaient plutôt intéressants, là c’est une catastrophe, sous fond de vieilles pulsions sexuelles, le deuil de Batman est complètement banalisé et ridiculisé par la scène que nous propose Ann Nocenti. Il n’y a que Catwoman qui nous offre un peu de satisfaction dans son background psychologique, et encore…
Entre tout cela, nous avons droit, quand même, à deux chapitres centrés sur Catwoman et sa série. Et j’ai envie de dire, qu’on aurait pu s’en passer… Catwoman se retrouve dans la chambre noire de l’A.R.G.U.S. pour voler un artefact magique et tout dégénère, elle se retrouve enfermée dans la pièce avec un scientifique et des monstres absurdes et navrants… De l’action, de l’action et de l’action. Retrouver Catwoman dans cet univers ombre, magique et démoniaque voilà qui a de quoi surprendre, et pas dans le bon sens…
Ann Nocenti part dans ses délires, et le fait qu’elle soit bloquée par tout ce qui se passe dans Batman, n’excuse pas tout. Le travail de Winick sur la psyché de Catwoman était intéressant, le personnage attachant, mais là ce travail est juste survolé malheureusement. Et les autres personnages gravitant autour de notre féline héroïne oubliés.
Bref, oui le titre est pollué par les crossovers de Batman, peut-être encore plus que dans Nightwing, mais la prestation d’Ann Nocenti est vraiment mauvaise. Que ce soit dans son travail sur l’héroïne que sur la direction qu’elle donne à l’histoire. Et les bons dessins de Rafa Sandoval ne sauvent pas l’’affaire. Une bien mauvaise surprise, j’aurais du m’abstenir…