Le tueur fou chez les bouseux
Le héros de l'histoire, c'est le tueur qui parle. On le comprend dès la page 3. Par petites touches, le récit met en place l'histoire de ce jeune garçon, étouffant au milieu des rivalités mesquines, absurdes mais meurtrières qui caractérisent son village, Mortagne. Les affaires de famille, les patrons locaux, la scierie, la vigne, les bals minables où le foie souffre plus que le sexe, une rivalité amoureuse, une injustice appelant la vengeance, un innocent du village torturé par les débiles du coin, tout un contexte qui va conduire la narrateur à commettre - copieusement - l'irréparable.
Le dessin, simple et rapide, souligne la pauvreté mentale des habitants de ce trou perdu, les irrégularités caricaturales des visages vus en gros plan, l'étirement des nuages et des ceps de vigne (qui, eux, ont la chance de s'enfuir dans le lointain). Peu de dialogues, surtout des bandeaux narratifs. Un bel art de raconter une chose tandis que l'image s'attarde sur des objets différents: on évite la redondance tout en suggérant les effets de réalité.
On aimerait que des vies aussi pauvres et aussi soumises à des haines primaires ne puissent exister. On aimerait...