Le Joker a encore déchaîné les enfers dans les rue de Gotham City. Tout le monde est mort de rire. Littéralement. À l’asile d’Arkham, où il est de nouveau domicilié, un psychiatre lui est personnellement affecté...
Une fois de plus, le Joker a lâché ses ballons sur Gotham. Son gaz hilarant et mortel s'est diffusé dans les artères de la ville. Et de nouveau, le trublion sociopathe s’est vu reconduire manu-militari dans sa cellule capitonnée. Par La Chauve-Souris. Comme d’hab' depuis 1940*, en fait. Mais si certaines choses jamais ne changent, d’autres oui. En l’occurrence, pour la première fois, un psychiatre, le professeur Arnel, est directement dédié à l’attention du frappadingue, dans le but d’établir un protocole qui libérerait Jack Nappier de sa maladie mentale. Grossière erreur.
Tel est pris qui croyait prendre.
Très vite, les entrevues entre le fou-furieux et le psychiatre ont des répercussions étranges et inquiétantes dans la vie privée du docteur. L’histoire aux dessins naïfs, colorés, enfantins, qu’il lit un soir à son fils, devient subitement violente, vicieuse, malsaine : le joli-petit-monde-violet-glycine-des-mignons-lapins-et-des-gentilles-abeilles est soudainement corrompu par l’arrivée de M.Sourire, un clown espiègle armé d’une tronçonneuse, dont il fait assidûment démonstration aux – ou plutôt sur les - habitants de Bonheurville. Et d’abord, d’où sort ce bouquin ? Le docteur en vient à ne plus distinguer ses cauchemars de la réalité. Ni cette dernière de ses hallucinations. De même, la notion de temps n’est plus pour lui quelque chose de concret. Quand cette thérapie a-t-elle commencé, déjà ?
Complices récidivistes.
Après Giddeon Fall, Lemire et Sorrentino s’associent pour proposer un angle différent à la (sur)production publiée jusqu’aujourd’hui sur le thème ou dans l’univers des supers-héros (DC ou Marvel, peu importe). Si nous pouvions légitimement penser que le sujet était épuisé - comme le filon d’une mine trop longtemps exploité - Killer Smile illustre qu’il n’en est rien. Avec la série sus-nommée, Lemire avait montré son goût pour l’Horreur et son aptitude à écrire des trucs flippants ; Sorrentino, son habileté à dépeindre les visions de son acolyte. Les auteurs récidivent, abordant ici le thème de l’aliénation avec un scénario et un visuel de grande qualité. Et un épilogue qui tue !
- 1940 : première apparition du Joker dans Bat-Man N°1 / 1939 : première aventure de Bat-Man dans Detective Comics N°27