* Critique originale disponible sur Duotaku no Sora *

Notre accord sera valable "Jusqu’à ce que la mort nous sépare" !

Mamoru est un prodige du sabre malgré sa cécité. Il travaille actuellement pour l'organisation secrète Elements Network qui combat les groupes mafieux dans l'ombre. Mais un jour, alors qu'il est en repérage, une petite fille l'attrape et le supplie de la protéger. Il découvre alors que la jeune Haruka possède un don rare qui lui permet de prédire l'avenir, c'est pourquoi elle est pourchassée par tous les groupes mafieux et industriels qui souhaitent mettre la main sur son pouvoir.

Protéger Haruka ne s'annonce pas de tout repos, mais Mamoru a bien l'intention de mener à bien sa mission jusqu'au bout.

Un bon mariage enlisé dans sa routine

Jusqu'à ce que la Mort nous Sépare commencera de manière fort simple. Nous avons d'un côté Haruka, une jeune fille démunie avec un don précieux, et de l'autre Mamoru, un bretteur aveugle qui exécute des missions dangereuses pour le compte de l'organisation secrète Elements Network. Nous suivrons d'abord ces deux personnages aidés des collègues de Mamoru au travers de différentes missions dans l'underground japonais. Entre petites racailles de quartier, cambrioleurs et trafiquants de drogue, Mamoru aidé par les visions d'Haruka, enchaînera diverses petites missions qui le mèneront finalement à l'un de ses plus grands adversaires. Une introduction des plus simple qui nous permet de faire un premier pas dans le quotidien de nos héros.

Nous ferons au fil du manga la connaissance de plusieurs organisations gouvernementales ou criminelles et de nombreux autres personnages qui viendront tour à tour aider ou se mettre en travers de la route de Mamoru et Elements Network. Un déroulement des plus classique mais toujours efficace donc. À chaque nouvel arc, une organisation plus dangereuse et plus grande que la précédente devra être arrêtée par Mamoru et ses collègues, ce qui lui vaudra une petite réputation qui feront remonter certaines personnes mal intentionnées jusqu'à Haruka qu'il faudra alors surveiller de près afin qu'elle ne se fasse pas kidnapper.

Et si le manga est vraiment cool dans ses débuts où l'on découvre peu à peu l'univers et sa technologie futuriste et où l'on assiste à la création des relations entre les divers protagonistes, malheureusement celui-ci ne tardera pas à s'enliser dans un format très linéaire. Alors les diverses histoires et mises en relation entre les divers personnages déjà aperçus ou affrontés sont intéressantes, il y a généralement un bon build up durant tout l'arc et chaque arc s'essaie à un format différent (un coup c'est de l'infiltration, un coup c'est un tournoi, un coup c'est de l'action militaire…), néanmoins il faut comprendre que le manga n'offrira généralement pas de grosse surprise, même en fin d'arc, rendant le tout un peu tiède sur la fin qui heureusement n'a pas trop cherché à tirer sur la corde plus longtemps (il faut dire que la parution était déjà assez lente avec 1 tome tous les 6 mois…).


Des personnages en intérim

Nous retrouverons d’ailleurs beaucoup de personnages, à commencer par nos 3 héros principaux.

Haruka est une jeune collégienne tout ce qu'il y a de plus ordinaire. D'abord assez réservée mais toujours sérieuse, elle ne doutera jamais des capacités de Mamoru et saura se révéler débrouillarde lorsqu'il ne sera pas là pour la protéger. Haruka est très loin de la gamine enquiquinante et toujours dans les pattes que l'on aurait pu s'imaginer en découvrant l'histoire. Au contraire, celle-ci ne fera jamais de caprice et comprendra très vite les différents enjeux des choses qu'il se passe autour d'elle, en faisant un personnage particulièrement appréciable qui saura aussi apporter sa touche de mignonnerie au groupe. Il est juste dommage que son rôle ne reste que secondaire la majorité du temps, la rendant un peu fade au final.

C'est suite à l'une de ses visions qu'elle décidera de rejoindre Mamoru pour lui demander de la protéger malgré son air effrayant et son attitude froide. En effet, Mamoru a grandi dans un dôjô où il a perfectionné son art du sabre jusqu'à devenir un véritable monstre, le poussant à travailler dans le milieu underground, seul endroit où il puisse mettre toute sa force à l'épreuve. Un accident lui fera perdre la vue mais grâce à la technologie révolutionnaire d'Elements Network, il pourra à nouveau percevoir les formes autour de lui à travers des lunettes de soleil, en faisant un agent hors pair quoiqu'un peu trop téméraire et joueur. Mamoru c'est le personnage super cool, bien qu'au début il soit un peu déstabilisant de par son franc parler. Disons qu'il ne fait pas dans les sentiments. Néanmoins son cœur est juste et si il n'hésitera pas à punir les criminels de la pire des façons qui soit, il ne tuera cependant jamais pour le plaisir et saura aussi quand faire preuve de bon sens pour mener à bien sa mission.

Ces deux acolytes seront accompagnés par Igawa, un jeune génie de l'informatique. De nature sincère et bienveillante, il parviendra à intégrer Haruka au groupe de manière naturelle, néanmoins il sera plutôt réservé quant au fait de la mêler aux histoires criminelles d'Elements Network et sera souvent pris de court par les agissements imprudents de son collègue Mamoru.

Igawa est très sympathique et permet de venir alléger l'ambiance entre Mamoru qui ne parle pas et Haruka qui est d'abord très timide. Malheureusement il ne dépassera jamais réellement le stade de support, et il est assez dommage que sa relation avec Mamoru ne reste que celle d'un collègue à un autre sans plus d'implication.

Et ça sera un peu le problème des nombreux personnages secondaires. Si tous sont intéressants car ils sont très différentiables et auront tous une histoire à raconter, malheureusement ils seront généralement là en intérimaire, le temps qu'on ait besoin d'eux et basta, allant et repartant sans trop de logique. Inutile de vous dire qu'on a du mal à s'y attacher, surtout quand pour la plupart leur développement ne se fait qu'en surface au détour d'un combat contre un sbire.
Et ce sera un peu pareil pour les méchants. Ils seront tous très classes et mémorables mais au final on n'en sait pas beaucoup plus sur eux… Au moins ils auront le mérite de ne pas être trop manichéens.

De même, si l'évolution de la relation entre Haruka et Mamoru se fait petit à petit, là encore elle ne sera jamais réellement centrale dans l'histoire, rendant le tout assez maladroit et rushé, voire peu convaincant. Ah et ne vous attendez pas à voir Mamoru tisser des liens avec ses collègues ou qui que ce soit d'autre, il est et restera un loup solitaire du début jusqu'à la fin.


Une panoplie efficace

Et cet effet un peu "surface" il se retrouvera finalement dans tout le manga...

Parlons déjà des dessins de DOUBLE-S. On a des bons chara designs, assez réalistes et variés, mais qui au final se démarquent assez peu des autres mangas. Peut-être est-ce du à l'allure assez statique des corps d'une manière générale, ou bien aux décors très (trop) propres et carrés, je ne saurai dire. En tout cas c'est un sentiment assez étrange puisque clairement les dessins sont une des qualités de l'œuvre avec ses plans super badass et sa mise en scène explosive ! (dans tous les sens du terme puisque le manga fait la part belle à l'action). Non vraiment, tout est cool à regarder, mais on n'atteint jamais le travail d'orfèvre d'un OBATA Takeshi ou l'esthétisme d'un Oh! Great quoi. C'est cool, point.

On se retrouve avec le même problème au niveau de la narration ou de l'histoire d'une manière générale. Tout est pensé pour être relativement original et intéressant. Il y a un gros focus sur les diverses technologies et armes militaires un peu futuristes utilisées par les personnages, et l'histoire est assez bien construite, prenant en compte les différents pays du monde et leurs problèmes politiques et économiques. À ce compte là l'œuvre est d'ailleurs agréable à lire car malgré des sujets géopolitiques assez complexes, tout est expliqué de manière simple et très claire. Mais au final l'histoire comme déjà dit plus haut nous surprend peu. Il n'y a pas vraiment de retournement de situation, Mamoru est un pur Gary Stu qui survit à tout et est plus fort et plus intelligent que tout le monde. Ca ne le rend pas moins cool pour autant, mais disons que du coup il y un manque de tension assez flagrant. Les combats ont pour qualité de ne pas traîner en longueur d'ailleurs, mais disons-le, c'est même parfois un peu trop expéditif en fait. Il y a un méchant, Elements Network prévoit un plan pour le stopper, Mamoru arrive et fait le ménage, FIN.

Ainsi il y a peu de réelles menaces tout au long de l'histoire qui se contente… bah de raconter une histoire, voilà. Même l'épilogue tant attendu de la fin du manga nous donne l'impression qu'il a été posé là pour conclure et basta. Pour faire simple, on ne sent pas plus impliqué que ça émotionnellement parlant. Et c'est dommage tant le manga propose des histoires aux contextes travaillés, avec des thèmes durs et très réalistes trop rarement traités (comme le traffic d'organe ou les recherches sur des armes bactériologiques), et un aspect technologique avec des gadgets proches de la SF qui peuvent faire rêver et pourraient offrir des combats dantesques. On appréciera également que le manga, malgré ses thèmes tabous et ses combats contre des terroristes sans foi ni loi, reste relativement tout public et ne parte pas dans un délire de spectacle de violence exacerbée (il y a bien quelques scènes plus costaudes mais elles restent relativement rares et toujours justifiées), de même pour le fan service qui reste pour ainsi dire absent, chose assez rare pour le souligner.

Ainsi toutes ces qualités font que l'œuvre est agréable à lire et qu'elle reste toujours divertissante, néanmoins une fois le dernier tome refermé, pas sûr que celle-ci nous laisse un souvenir impérissable…


C'est cool, point.

Jusqu'à ce que la Mort nous Sépare est donc un manga cool. Néanmoins ce serait une erreur d'en attendre plus.

Le manga propose une intrigue originale avec des personnages intrigants et une histoire plutôt bien rodée. Mais à la manière d'un bon film d’action, le tout se révèlera d'une simplicité extrême en se contentant d'aller toujours droit au but et proprement sans s'embarrasser de plus de détails. Une bonne série d'action divertissante je dirai mais à laquelle il manque ce petit truc en plus pour réellement marquer les esprits.

DuotakunoSora
6
Écrit par

Créée

le 20 févr. 2025

Critique lue 4 fois

Duotaku_no_Sora

Écrit par

Critique lue 4 fois

D'autres avis sur Jusqu'à ce que la mort nous sépare

Jusqu'à ce que la mort nous sépare
FyrinnL
8

Critique de Jusqu'à ce que la mort nous sépare par FyrinnL

Jusqu'à ce que la mort nous sépare de Hiroshi Takashige et Double S Un seinen urbain étonnant que je vous présente aujourd'hui après avoir lu le volume 13 qui vient de paraître. C'est l'histoire d'un...

le 23 mai 2011

1 j'aime

Du même critique

GhostWire: Tokyo
DuotakunoSora
6

Seul dans Shibuya

Accueillons avec joie cette fin, qui marque l'avènement d'un nouveau commencement !Un mystérieux brouillard s'abat sur le quartier de Shibuya.Dès que quelqu'un est touché par la brume, il disparaît...

le 23 mars 2023

3 j'aime

Platinum End
DuotakunoSora
3

Un duo culte livrant une œuvre oubliable et mauvaise au possible

Je suis venue pour te rendre heureux mais j'ai échoué... Mirai est un garçon dépressif. Alors qu'il est sur le point de se suicider, il va être sauvé par un ange appelé Nasse et recevra trois...

le 15 oct. 2021

3 j'aime