Faudrait déjà qu'il y ait beaucoup de choses pour qu'on puisse en rajouter. Mark Millar est le champion de raconter une histoire basée sur un concept : et si tous les super-héros de Marvel s'étaient tous fait massacrer au même moment (Old man Logan), et si les gens fans de comics se mettaient à mettre des costumes dans notre monde moderne (Kick-ass), et si tous les méchants de la planète étaient parvenus à dominer le monde (Wanted). Et encore on ne parle que de ses créations les plus personnelles. Alors c'est sympa, mais faut savoir aussi broder par dessus tout ça. Sauf que son monde ne semble pas reposer sur autre chose que les petites idées qu'il peut vouloir insuffler ici et là.
Donc ce second opus est... à la hauteur du premier. On mettait l'emphase (mais à qui est ce que je mens ? Y PAS D'EMPHASE PARCE QU'IL N'A RIEN A DIRE !!!) sur le fait que des gens normaux pouvaient exprimer la volonté d'aider la société en incarnant la justice masquée, que le bon sentiment n'avait d'autre fin que la défaite malgré un semblant de victoire, et tout ça par le biais d'un gros loser qui ne parvenait à rien dans la vie. Et bah là c'est pareil. En pire en plus. Tout ça pour quoi ? Pour rien. On lit une espèce d'histoire où des abrutis mettent en branle des évènements qu'ils se retrouvent à ne plus être capables de contrôler.
Même si Romita Jr. fait toujours du bon boulot (enfin pour ceux qui apprécient son style) bien qu'on ait parfois des pages peu inspirées, le grotesque et le déchaînement de gore devient étrangement banal. Sans compter qu'un type qui chute de 10 mètres ne forme pas de flaque avec son sang autour de lui, on en vient à prendre ça comme une sorte d'objet autonome. Et c'est souvent ça qu'on peut reprocher à Millar. Vouloir donner un sens réel à son sujet tout en s'en éloignant quand ça l'arrange. Alors y a des petites phrases et des petites remarques qui sont très bien trouvées (les deux antagonistes qui ne savent pas se battre, la petite qui essaye d'entrainer Kick-ass tout en lui faisant comprendre qu'en un mois, il ne risque pas d'apprendre grand chose) mais c'est trop léger et trop surchargé à la fois pour véritablement n'être autre chose que la suite des aventures d'un loser fini.
Au final, on peut reprocher un manque flagrant d'analyse psychologique de la part de Mark Millar. Dans le cas de cette mini-série, on suit un personnage qui veut faire quelque chose de sa vie mais qui ne s'en donne pas les moyens. Autant dans Wanted, le personnage principal, étant doté d'un "pouvoir" qu'il développait pour faire quelque chose de sa vie, autant là, on a juste un type moyen qui essaie de dépasser sa condition sans y arriver, et surtout sans se donner les moyens d'y parvenir. On pourrait se dire que la réalité du comics empêche ce gamin d'y parvenir, sauf que Big Daddy et Hit Girl y parviennent très bien. Bon ils sont tarés, mais il n'empêche que ce sont des personnages attachants, capables et qui parviennent à changer la donne. Kick-ass est un personnage emblématique, utilisé comme fil conducteur par le scénariste mais qui n'apporte rien à l'action, qui la dessert bien souvent, pour au final n'être qu'un boulet pour les véritables moteur du drame. Un peu comme si Luke Skywalker restait à côté de Han Solo en gémissant...