Ce tome fait suite Deadly Class Tome 1 (épisodes 1 à 6) qu'il faut avoir lu avant. Il comprend les épisodes 7 à 11, initialement parus en 2014/2015, écrits par Rick Remender, dessinés et encrés par Wes Craig, avec une mise en couleurs réalisée par Lee Loughridge.
Le premier mars 1988 à San Francisco, l'un des volontaires à la clinique sort par la porte de derrière, après que tous les autres soient déjà parti et ferme la porte à clef. Il se retrouve face à une demoiselle appelée Sue Ann qui lui propose de regarder dans sa culotte. Il décline, esquive son attaque et prend ses jambes à son cou. Il se heurte à Jimmy Jo tenant un long couteau, et un autre qui tient une scie à métaux. Le 02 mars 1988, Marcus Lopez Arguello est en train d'écrire dans son journal intime, sur la dépression, sur Maria et ses relations sexuelles avec elle, sur la disparition de Chico Salazar et la crainte que son père ne l'apprenne, sur son boulot à la boutique de comics. Il se souvient que la semaine d'avant, Blaine (le propriétaire) lui avait parlé de Wallace Wood, de sa vie, de son suicide et de Cannon. Une fois par semaine, Saya Kuroki sort de l'internat pour essayer d'enquêter sur le devenir du corps de Chico Salazar. Marcus est d'ailleurs assez étonné que Maître Lin n'ait pas interrogé les élèves sur la disparition de Chico. Ce soir-là, Willie Lewis et Billy toquent à la porte de la chambre de Marcus et Shabnam. Ils invitent Marcus à se rendre à une soirée organisée par Lex. Ils partent et laissent Shabnam à sa lecture d'Elric.
À la soirée, l'alcool coule avec libéralité, ainsi que les clopes, la fumette et même quelques rails. Lex Miller est calé dans son canapé et donne son avis critique sur Brandy Lynn, puis sur Petra Yolga. Ça finit par bien énerver Marcus qui le prend à partie en le traitant de couard, en estimant qu'en fait il est désespéré, et que c'est la raison pour laquelle il rabaisse tout le monde et se comporte comme un gros dur, comme le premier costaud sportif qui domine tout le monde par sa force. Saya Kuroki tire Marcus par la manche et le sort de la pièce, le fait sortir à l'extérieur en lui rappelant que Lex est le fils d'un puissant parrain anglais, très porté sur les assassinats. Ils se mettent à en griller une et à papoter. Saya lui demande comment il a reçu cette cicatrice au visage : infligée par la directrice madame Rank dans le précédent foyer où il avait été placé. Puis elle lui fait remarquer qu'avec les années qui passent on se retrouve de moins en moins impliqué dans les choses de la vie. Leurs visages commencent à se rapprocher, mais Saya a un geste brusque pour attraper une flèche en plein vol, se dirigeant droit vers leur visage. Marcus voit l'archer s'enfuir : il le course et découvre qu'il s'agit de Maria. Ils se disputent à propos de Saya et finissent par faire l'amour là où il l'a rattrapée, c’est-à-dire contre une pierre tombale dans le cimetière.
Retour à l'internat du King's Dominion Atelier of the Deadly Arts, cette étrange école où le élèves apprennent les techniques d'assassinat. Après les événements du tome précédent, la question se pose de savoir si le petit groupe d'amis va être découvert. La scène introductive permet de commencer par les prémices d'un meurtre et de se souvenir de F-face (Chester Wilson). Elle permet également au lecteur de se rappeler que la jeunesse qu'il va côtoyer a un sérieux grain, et que Wes Craig sait exagérer juste ce qu'il faut les visages pour les rendre grimaçants, avec une impression de dents taillées en pointe. La seconde scène change du tout au tout, puisque le lecteur a un accès direct au flux de pensées de Marcus Lopez Arguello, sur le thème de la dépression, au travers de quelques-uns de ses symptômes comme l'impossibilité de s'occuper de quelqu'un qui va mal quand soi-même on titube au bord du gouffre, la nécessité d'avoir un lieu refuge (la boutique de comics), ou encore l'incapacité à ressentir le plaisir quand tout va bien. Le lecteur reconnaît bien là l'un des thèmes de prédilection de Rick Remender, qu'il développe régulièrement dans ses séries personnelles. Il s'agit ici d'un bref passage qui permet au lecteur de se faire une idée sur l'état d'esprit troublé de Marcus. L'artiste se montre inventif, avec une construction de page qui donne l'impression d'avoir les cellules de texte dans les marges extérieures, comme un commentaire des cases en colonne sur l’autre partie de la page.
Le lecteur se replonge dans le quotidien de ces adolescents promis à un avenir d'assassin en se demandant ce que l'établissement va à nouveau exiger d'eux. En fait l'intrigue prend une autre direction : qu'est-il advenu du cadavre de Chico que s'est approprié F-face ? S'il s'agit de son intérêt premier dans cette série, le lecteur doit un peu prendre son mal en patience parce que ce fil narratif n'avance pas très vite. Néanmoins sa patience est récompensée quand Marcus et ses potes décident de passer à l'offensive sur le quartier général de Chester Wilson. Entre temps, il aura quand même fallu qu'il fasse des détours par un pet mouillé d’une ampleur terrible et un petit retour en arrière à Juarez en 1979. Wes Craig se montre tout aussi convaincant lors de ces séquences d'action. Il continue de réaliser des traits de contour en apparence un peu lâche, manquant un peu de finition. S'il prend un peu de temps pour les regarder de plus près, le lecteur se rend compte que l'artiste exagère les visages en les déformant un peu, parfois également les silhouettes, tout en conservant une grande cohérence interne d'une case à l'autre. Il exagère un peu la jeunesse de ces adolescents pour les rendre plus vivants, et un peu la morphologie des ennemis pour leur apporter une touche monstrueuse.
Wes Craig se montre créatif dans sa mise en scène des affrontements. Il peut pencher les bandes de case, comme si les personnages étaient déstabilisés par les coups et la vitesse de déplacement. Juste avant l'attaque sur le quartier général du gang de F-face dans le quartier de Tenderloin, il réalise des cases décrivant le plan du groupe de Marcus, comme s'il s'agissait de dessins réalisés à la craie sur du papier bleu. Il peut aussi bien montrer le déroulement d'une attaque pendant plusieurs cases en plan fixe, que choisir des angles de vue augmentant l'impression de mouvement et de soudaineté pour une attaque fulgurante. Il n'hésite pas à faire quelques gros plans sur une arme tranchante perforant la peau, ou à un coup de poing en plein visage. Lee Loughridge accompagne ces séquences de violence avec une mise en couleurs qui privilégie une teinte prédominante, créant une ambiance lumineuse très particulière, parfois plus impressionniste que naturaliste. Il ajoute des tâches de sang sans en exagérer la quantité. Outre des plans de prise de vue mettant en valeur l'action et la violence, les scènes d'action donnent une impression de crudité grâce à ces contours pas peaufinés, par forcément propres, parfois un peu déformés pour accompagner le mouvement.
Il est aussi possible que le lecteur revienne plus pour les personnages que pour l'intrigue proprement dite. Passé l'agression du bénévole, il entre dans le cœur de ce qu'il attend, avec les extraits du journal intime de Marcus Lopez Arguello, ce qui lui donne accès à l'intimité de ses pensées. Il bénéficie d'une deuxième plongée dans ce journal dans l'épisode suivant où Marcus évoque son séjour au centre de détention pour mineurs. Cette fois-ci Lee Loughridge passe dans un registre plus expressionniste, avec une couleur dominante, sans rapport avec l'éclairage naturel ou artificiel, enveloppant ainsi les personnages dans une ambiance englobant tous les personnages, y compris le personnage. En cohérence avec le premier tome, le scénariste n'y va pas avec le dos de la cuillère pour malmener ses personnages, en particulier avec une poignée d'épingles dans la bouche. Wes Craig appuie un peu plus les traits de contour, flirtant parfois avec la caricature, pour un ressenti encore plus cru, exprimant bien l'intensité des émotions de ces jeunes adolescents. Dans l'épisode suivant, Rick Remender et Wes Craig sont toujours en phase pour une narration utilisant des clichés visuels et narratifs, une forme d'exagération également pour une scène violente et mélodramatique. Le lecteur peut avoir la sensation qu'elle est racontée comme ça, pour donner l'impression qu'elle est vue par les yeux de Maria encore enfant. Ce parti pris narratif transmet avec force l'état d'esprit de ces jeunes gens n'ayant pas encore pu développer des stratégies effectives contre les agressions émotionnelles et affectives, sans même parler de la maltraitance.
Il est aussi possible que le lecteur revienne également pour l'évocation de la fin des années 1980. De ce point de vue, Remender en fait moins que dans le premier tome. Cela n'empêche de pouvoir relever quelques références souvent visuelles par exemple à The Clash, Terminator, Siouxie and the Banshees, Bad Brains, Beetlejuice ou encore à Thriller de Michael Jackson. Le fan de comics soupire d'aise en voyant que Marcus travaille dans un comic-shop, et se repaît de l'évocation de Wallace Wood et de Cannon, de la comparaison entre les dessins de John Byrne et ceux de Paul Smith (à l'avantage de ce dernier), en comprenant qu'il s'agit de leur travail sur la série Uncanny X-Men dont il s'agit. Il note en passant que Remender privilégie un humour qui tâche, que ce soit l'immonde pet mouillé, ou le visage plongé dans la cuvette des WC pleine d'excréments, un humour très potache.
Ce deuxième tome confirme la forte personnalité narrative de cette série, que ce soit les dessins ou l'intrigue. Il confirme également que les auteurs savent donner vie à ces adolescents mal dans leur peau, brutalisés, encore en pleine construction personnelle, animés par une bonne dose de rébellion sans concession.